2009 : Villeurbanne perdra une école et un collège ?
Villeurbanne est une ville importante de la banlieue de Lyon. Sa population est jeune : les élèves n’y manquent pas. Mais il est prévu d’y fermer, à la rentrée prochaine, une école primaire et un collège. Et oui, la qualité du service public, la proximité, la continuité pédagogique, l’investissement des équipes ne pèsent rien face aux impératifs financiers.
Première concernée : la section primaire de l’école régionale d’enseignement adapté pour jeunes Déficient-e-s Visuel-le-s (EREA DV).
Les élèves aveugles ou mal voyant-e-s seraient réparti-e-s dans les classes dites "ordinaires" de leur quartier. Certes, ça part officiellement d’une bonne intention : limiter les discriminations, les stigmatisations et les exclusions, réduire les temps de trajet...
Mais on connaît la réalité : élèves balancé-e-s dans des classes sans être préparé-e-s, enseignant-e-s ni volontaires, ni prévenu-e-s, ni formé-e-s, rupture du parcours scolaire entamé dans une structure spécialisée... Rien n’est fait pour prendre en considération les enfants. L’investissement et le professionnalisme de l’équipe de l’EREA sont niés.
Pour accompagner les élèves en situation de handicap, on continue à embaucher des personnes "éloignées de l’emploi", sur des contrats très précaires et mal rémunérés, sans formation adaptée. Ce sont pourtant de véritables professionnel-le-s, fonctionnaires bien formé-e-s et bien rémunéré-e-s, dont ces élèves auraient besoin.
Une fois de plus (voir la réforme du lycée), le ministère se sert de bonnes idées comme cheval de Troie : ces bonnes idées sont transformées en coquilles vides, leur application produira l’inverse des effets promis, mais en attendant, la communication officielle, docilement relayée par certains médias, permet de faire croire que la situation progresse, et que les professionnel-le-s de l’éducation ou les parents d’élèves sont simplement des râleuses/eurs invétéré-e-s et des conservatrices/eurs imbéciles.
Deuxième affaire : le collège Jean Vilar (Villeurbanne Saint Jean), qui scolarise essentiellement des élèves du Mas du Taureau voisin. Le quartier est en restructuration, il se vide pour être reconstruit. Les pauvres sont prié-e-s d’aller loger ailleurs, et mathématiquement, le nombre d’élèves baisse. Alors les collégien-ne-s prendront le bus pour rejoindre un autre collège. Pour certain-e-s, ce sera facile, et peut-être même bénéfique. Mais pas pour les plus faibles, les plus fragiles, celles et ceux qui n’arrivent déjà pas à l’heure quand le collège est à côté, celles et ceux dont les parents n’arrivent pas à venir rencontrer les équipes, malgré la proximité géographique.
Changer de collège, d’enseignant-e-s, de méthodes, de manuels, pour certain-e-s élèves, c’est mettre sa scolarité en danger.
Ici encore, rien n’a été anticipé. Aucune concertation sérieuse, brouillard et enfumage à tous les étages. Mépris total du Conseil Général et de la hiérarchie pour le travail de terrain porté depuis des années par les quelques collègues qui croient encore à la qualité du service public, loin des caméras de télé et des stéréotypes sur "les jeunes de banlieue". Elles/ils ont six mois pour préparer leur mutation.
Ces deux fermetures sont emblématiques de la folie qui gagne nos technocrates : le pognon d’abord, les humains ensuite. Nous ne les laisserons pas faire !