Comité Kitosi : dernières nouvelles du front
Quelques extraits de la lettre d’infos du mois d’octobre, rédigé par ce comité de défense d’une mère sans-papiers qui s’est retrouvé à la rue en fin de grossesse, avec des enfants en bas âge.
Extrait du courrier adressé par le Préfet à Madame Kitosi,
le 19 Octobre 2005
Madame,
Par courrier du 14 juin 2005, Maître FRERY a sollicité en votre faveur un titre de séjour en qualité d’étranger malade. Après avoir procédé un examen attentif de votre situation, j’ai l’honneur de vous faire savoir que, compte tenu de l’avis rendu par le médecin Inspecteur de la santé publique en date du 19 Août 2005 et de la durée de votre présence en France, j’ai décidé de vous délivrer une Carte de Séjour Temporaire mention « vie privée et familiale » au titre de l’article L313-11 alinéa 11 du code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile.
NB : C’est l’avocate qui a reçu le double de cette lettre. L’original n’est pas encore parvenu à Mme KITOSI.
Quelques explications :
Il s’agit d’une carte de séjour temporaire d’un an renouvelable (pendant 5 ans) avec droit au travail.
l’étape suivante étant la carte de 10 ans
ce titre donnerait droit aux allocations logement. Elle permettrait d’obtenir des aides pour les enfants nés en France.
Par contre, pour bénéficier du RMI, il faudrait détenir un titre depuis plusieurs années (3 ou 5 ?)
La présentation d’un passeport en cours de validité reste un problème. Plusieurs membres du comité se renseignent actuellement sur les droits liés à l’obtention de ce nouveau titre. Si vous connaissez la question, n’hésitez pas à transmettre.
Un grand merci à Jean Pierre BRUNEL et Mme BAILLY-MAITRE, adjointe aux affaires sociales de la ville de Vaulx dont la disponibilité a permis, dans l’urgence, de pouvoir présenter en préfecture un justificatif récent de domicile qui était réclamé. A cette occasion, la convention pour la mise à disposition d’un logement d’urgence par le CCAS a été renouvelée jusqu’au 31 Décembre
Le rassemblement du 5 Octobre (invitation à occuper le territoire) devant la préfecture
Présence des familles de sans papiers qui ont l’occasion de se parler, de se connaître, de se conforter. Présence de gens nouveaux qui participaient pour la première fois à un rassemblement avec nous. Présence d’élus. Prise de parole des familles qui ont animé le rassemblement et occasion pour elles de s’exprimer par elles-mêmes. Enfin rencontre entre des gens de différents comités, création d’un comité sur place. Bref, le sentiment d’une vraie popularisation de notre action. Environ 250 manifestants. Nous étions bien une vingtaine du comité KITOSI.
Le rassemblement devant l’hôtel de ville de Lyon mercredi 19 octobre à 17 h 30, nous étions de 150 à 200 personnes avec, comme prévu, des cartons pour symboliser une maison et nos pancartes. Une délégation a été reçue par le directeur de cabinet de Monsieur Collomb, Monsieur jean-François Lanneluc. L’adjointe à l’intégration, Sabia Ahmine était ausi présente. Elle était à la fois avec nous (elle nous a demandé si on voulait qu’elle vienne) et avec le Maire puisque c’est elle qui plusieurs fois nous a répondu....
Nos interlocuteurs nous disent d’abord qu’ils sont là pour écouter et transmettre. Après avoir décrit nos situations et exprimé notre indignation, nous posons le problème des solutions, notamment avec la question des logements vacants et pour certains démolis dans les opérations de restructuration de la ville. Nous demandons qu’un état soit fait de cette vacance et que des réquisitions soient décidées. Nous demandons qu’une réunion des maires du grand Lyon soit organisée sous l’impulsion de la Mairie de Lyon. Mme Ahmine se dit touchée par les situations qu’on lui présente, déclare qu’il arrive à la Mairie de débloquer des situations. Mr Lanneluc invoque tous les efforts faits par la Mairie de Lyon avec un grand nombre de logements sociaux construits ou en construction, mais n’a rien à répondre quand on lui parle de l’inaccessibilité de ces logements sociaux aux familles dont nous parlons, si ce n’est que les papiers ne sont pas de son ressort et que la Mairie ne peut pas enfreindre les lois . Nos interlocuteurs
minimisent les démolitions et les justifient par l’objectif de "mixité sociale" auquel tient beaucoup le Maire. Cette politique paraît intouchable. Aucun engagement n’est pris quant à la réunion des Maires que nous demandons. Mr Lanneluc et Mme Ahmine insiste beaucoup sur les questions de nombre, nous demandant plusieurs fois notre évaluation chiffrée du nombre d’élèves sans-papiers de l’agglomération. Ils reviennent sur l’attraction qu’exercerait Lyon sur les demandeurs d’asile, réaffirmant que Lyon ne saurait jamais accueillir 3000 personnes par an. Ils se félicitent que le nombre des demandeurs d’asile soit actuellemnt en baisse à Lyon. Finalement, ils demandent à recevoir les dossiers précis concernant les quelques situations particulières sur lesquelles nous avons insisté, et ne s’engagent sur rien d’autre.