Professeurs de "sciences" : ATTENTION DANGER
Partant du constat que « les enquêtes nationales et internationales font apparaître une baisse d’intérêt pour les sciences et les technologies au collège et une orientation des lycéens insuffisamment tour- née vers les études et les carrières scientifiques et technologiques », Chatel vise l’excellence pour tous avec le Plan Sciences, motivé avant tout par l’implacable logique économique de réduction du nombre d’enseignants et des
horaires... Ce plan Sciences arrive en effet dans un contex- te d’économie budgétaire, avec une réforme du lycée où la formation scientifique est déjà sacrifiée, en dépit de la protestation unanime. Le professeur de sciences ? Comme d’habitude, sous l’alibi d’avancées pédagogiques qui ne sont qu’un prétexte, ce prof nouveau cru va permettre de grosses économies... sur le dos du personnel et des élèves. Après avoir lancé « la main à la pâte », l’Académie des sciences pilote depuis 2006 l’expérimentation d’un enseignement intégré de sciences et technologie (EIST) en classe de 6e et 5e. Le plan Sciences s’approprie cette expérimentation qui sera élargie : cet enseigne- ment transversal (3 h 30) est assuré par un seul enseignant pour un groupe réduit d’élèves et s’appuyant largement sur la concertation (1 h) entre les enseignants des trois disciplines, dans les collèges ÉCLAIR.
qu’en sera-t-il à l’avenir ? toujours le même credo : soyez plus productifs !
Dans la logique des réformes précédentes, il y a fort à parier que l’heure de concertation disparaîtra, puis que les effectifs seront aug- mentés, puis que les heures d’enseignement diminueront... L’interdisciplinarité qui était de mise jusqu’alors et qui nécessitait du temps de concertation, sera effective grâce aux profs polyvalents. Grâce à la validation de « spécia- lités » en plus de leurs disciplines, les profs peuvent se voir reconnaître des « compétences universitaires » (histoire des arts, langue, etc.). Ils deviennent alors interchangeables et peuvent enseigner plusieurs disciplines.
Ainsi avec le BO du 10 mars, le « prof de sciences » en RAR et ÉCLAIR est né ! Les trois disciplines (physique, SVT, techno) se concerte- ront pour créer un « projet » de sciences et un enseignant unique de l’une des trois disciplines les enseignera toutes.
Nous ne voulons pas de « professeur de scien- ces » unique : seule une formation disciplinaire de haut niveau, en conservant les spécificités de chacune pourra résoudre le désamour des élèves pour les sciences. Ce nouvel enseigne- ment au rabais et fourre-tout n’aura pas la saveur des sciences (dans les conditions pro- posées) et n’attirera pas davantage les élèves dans les filières scientifiques. L’enseignement intégré de sciences et technologie (EIST) ne peut résulter que d’un travail en concertation entre spécialistes de chacune des disciplines de l’établissement : physique et chimie, sciences de la vie et de la terre, technologie.