La médecine générale au cœur de la révolte des banlieues
Il reste encore des médecins généralistes qui exercent
dans les citées où la révolte gronde.
Nous sommes les témoins privilégiés de l’aggravation des conditions
de vie qui transforment le quotidien des habitants en une suite
d’humiliations, produisant ainsi de la maladie. Nos cabinets
médicaux sont les lieux où s’exprime cette souffrance. Nous ne
pouvons pas rester passifs, et nous ne pouvons pas nous contenter
d’être des professionnels qui se situeraient en dehors de cette
souffrance. La politique menée par le gouvernement tend à faire des
médecins généralistes des étouffeurs de la révolte, en nous
refusant le droit de faire autre chose que de délivrer des
médicaments qui soignent l’angoisse et la dépression. Nous
revendiquons le droit de pouvoir changer notre exercice
professionnel, nos modes de rémunérations, pour adapter nos
pratiques aux réalités que nous rencontrons, pour pouvoir pratiquer
l’écoute, travailler en coordination et essayer de passer du soin à
la santé.
La réforme de l’Assurance maladie par l’aggravation des inégalités
d’accès aux soins participe à cette augmentation de l’exclusion
sociale. Nous refusons d’être les complices de cette injustice qui
oblige les malades à payer de plus en plus pour se soigner. Nous
savons que leur situation les oblige à choisir entre manger ou
aller chez le médecin.
Ceci est inacceptable, c’est aussi ce que nous dit cette explosion
de colère.
Nous savons aussi que la révolte des jeunes n’est pas le fait d’une
« racaille ». Ces soi-disant voyous s’expriment dans les cabinets
médicaux. Nous comprenons que cette violence est avant tout
autodestructive. Comme l’usage des drogues, comme toutes les
conduites à risques, elle procède de la désespérance de trouver une
place dans la société qui est la nôtre. Nous sommes, nous médecins
généralistes, bien placés pour expliquer à ces jeunes l’absurdité
et la dangerosité de leurs actions, mais nous ne pouvons pas nier
la légitimité de leur colère.
Au moment où les choix politiques faits par le gouvernement
risquent de faire disparaître la médecine générale et pas seulement
dans les quartiers sensibles, il est temps d’affirmer haut et fort
que nous ne sortirons pas de la spirale infernale de la violence
sans permettre aux médecins généralistes et aux autres acteurs du
secteur social et de la santé d’avoir les moyens financiers et
organisationnels pour exercer leurs métiers.
Contacts
Didier Ménard : 06 07 16 57 78
Syndicat de la Médecine Générale
52 rue Gallieni, 92240 Malakoff
Tél. : 01 46 57 85 85 - Fax : 01 46 57 08 60
syndmedgen@free.fr