Débattre sur l’école... ou se battre pour l’école ?
Quatre arguments contre la mascarade démagogique du « grand débat sur l’école » :
1/ C’est avant tout une campagne de pub pour le ministre qui veut se donner une image de gentil démocrate ouvert au dialogue alors qu’il est resté sourd aux vrais problèmes.
2/ Il va permettre de faire passer en douceur des réformes déjà écrites sans aucune concertation véritable. Jamais la parole des usagers et des collègues ne sera écoutée dans ce cadre manipulateur.
3/ Il veut désamorcer la colère légitime du personnel dont aucune revendication n’a été satisfaite.
4/ Il masque la réalité d’un budget complètement verrouillé, qui ne laisse aucune marge de manœuvre réelle pour transformer le service public d’éducation nationale.
Boycott actif du grand débat :
Jamais nous ne serons écouté-e-s par les experts, hauts fonctionnaires et ministres qui nous méprisent depuis des décennies, mais il faut organiser avec nos collègues, les parents, les élu-e-s présent-e-s, des assemblées parallèles, alternatives, sur la base du mouvement social du printemps 2003 : bilan de rentrée et perspectives de lutte. Il faut qu’un véritable débat de fond ait lieu sur l’école, un débat sans tabou, sans parole manipulée, sans mise en scène, construit dans le temps, avec un programme de refonte complète du système scolaire à la clef. Si aucun débat alternatif n’est possible, transformons au moins ce faux débat en tribune pour jeter les bases de véritables Etats Généraux de l’éducation !
Quatre propositions pour une école vraiment démocratique :
1/ Détruisons l’école de la reproduction sociale. Exigeons un véritable brassage social dans les écoles (retour progressif dans l’éducation nationale des établissements privés subventionnés, respect de la carte scolaire...). Exigeons une école offrant à chaque enfant des solutions véritablement adaptées à ses besoins et un vrai droit à la formation tout le long de la vie. Il faut aboutir à une école véritablement équitable, une école de la réussite pour chacun-e. Donnons du sens et du contenu aux apprentissages. Refusons l’école au rabais, la halte-garderie qui conduit droit à la précarité.
2/ Construisons une école au service de l’épanouissement de chacun-e, et non pas au service des entreprises qui demandent des jeunes ignares et serviles et des consommateurs/trices béat-e-s : une école qui procure les bases indispensables pour développer l’esprit critique et la créativité. Non à l’école de l’individualisme et de la compétition, construisons une école qui permette d’expérimenter véritablement la coopération, l’entraide, la démocratie et la vie collective. Instaurons à tous les niveaux des instances décisionnelles véritablement démocratiques.
3/ Construisons une école indemne des pressions idéologiques des sectes, des religions, des médias et des entreprises. Contre la pensée unique, contre le repli identitaire, des classes davantage ouvertes sur le monde et la variété des cultures présentes et passées.
4/ Donnons à l’école les moyens de se réinventer perpétuellement. Un vrai droit à la formation pour le personnel de l’éducation nationale, de vrais temps de concertation inclus dans le service des équipes pédagogiques, des enseignant-e-s supplémentaires disponibles pour individualiser l’enseignement, des effectifs raisonnables, des activités en demi-classes, de vrais moyens pour les projets pédagogiques.
Mais comment voulez-vous qu’on finance tout ça ?
L’école ne coûte rien à la société. La société investit aujourd’hui dans l’éducation, pour pouvoir fonctionner demain. S’il faut augmenter le budget de l’éducation nationale, on peut commencer par récupérer les milliards versés à l’enseignement privé. On peut continuer en taxant les entreprises, car elles profitent gratuitement des compétences acquises à l’école par leurs salarié-e-s.
Ne débattons pas sur l’école avec Ferry, battons-nous pour un service public d’éducation nationale réellement démocratique, c’est à dire pour une société de liberté, d’égalité et de fraternité !