Ce soir les parlementaires nous mettent le feu !
Communiqué de SUD Culture suite à la saisie du Garde des Sceaux par plus de 200 parlementaires qui demandent des poursuites à l’encontre de chanteurs et groupes rap accusés d’inciter les jeunes à la haine et à la violence ... et d’être à ce titre responsables des événements de ces dernières semaines dans les banlieues !
Suite aux événements de ces dernières semaines dans les banlieues, plus de 200 parlementaires viennent de saisir le Garde des Sceaux afin que soient engagées des poursuites à l’encontre de chanteurs et de groupes de rap accusés d’inciter les jeunes à la haine et à la violence.
SUD Culture s’indigne d’une telle démarche qui s’inscrit dans une surenchère populiste visant à déplacer sciemment les problématiques sociales soulevées ces dernières semaines vers les thèmes de prédilection de l’Extrême droite dans l’optique des prochaines échéances électorales.
Après les immigrés, c’est au tour d’artistes - qui a aucun moment ne sont intervenus ces dernières semaines pour encourager l’action violente - d’être désignés comme " incendiaires de nos banlieues ".
La chanson française, à l’instar d’autres secteurs culturels, n’a pas attendu l’émergence de la culture hip-hop et du rap pour engendrer une multitude d’œuvres appelant tout autant à la violence, à la sédition, au mépris de l’armée et de la police... nombre d’entre elles font même désormais partie de notre patrimoine culturel.
Ces mêmes parlementaires comptent-ils faire retirer de la vente certaines chansons de Ferré, Brassens, Renaud... ? " Le déserteur " sera-t-il de nouveau interdit sur les ondes comme lors de sa sortie dans une période sombre de notre histoire contemporaine où régnait la censure... et l’Etat d’urgence ?
Pour l’heure, nous osons encore croire que non !
Dès lors, le principal tort des rappeurs ne serait-il pas d’avoir un faciès trop métissé à l’instar de cette jeunesse dont ils portent toutes les frustrations et toutes les attentes ?
Décidément, il est grand temps que les responsables politiques de notre pays mettent un terme à l’escalade nauséabonde à laquelle nous assistons et qu’enfin ils s’attellent à la mise en œuvre d’une politique nationale apte à résoudre la crise vécue dans les quartiers populaires. Politique qui ne passe ni par la répression, ni par la provocation, ni par l’utilisation démagogique et électoraliste de ces difficultés sociales.
Paris, le 25 novembre 2005
SUD Culture (Union syndicale Solidaires)