200 heures de remplacement. Et après ? Rien...
Contre la précarité et les logiques de restriction budgétaire, défendons l’intérêt des élèves et la stabilité des équipes pédagogiques.
Au Lycée Professionnel Jacques Brel de Vénissieux, les élèves de 2nde BEP Secrétariat, de 1ère Bac Pro Secrétariat et de Terminale BEP comptable, ont pu compter sur le professionnalisme de leur enseignante remplaçante en comptablilité, bureautique et doit-économie. Ses collègues, eux, ont pu bénéficier de ses compétences de coordinatrice informatique de l’établissement. Il est vrai que cette enseignante connaissait déjà bien ce Lycée Professionnel de Zone d’Education Prioritaire, pour y avoir exercé les fonctions de remplaçante contractuelle en 2003-2004, ce qui lui avait valu une excellente appréciation lors de son inspection de fin d’année.
Mais face aux restrictions budgétaires massives dans l’Education Nationale, le mérite et le professionnalisme ne pèsent rien. A la rentrée 2004, elle s’est vu proposer un poste de remplaçante dans le même établissement, mais non plus en tant que contractuelle (statut précaire qui donne droit à l’allocation chômage, aux congés payés et à la courverture sociale) mais en tant que vacataire. Ce « non-statut », dénoncé par les organisations syndicales SUD Education, CGT, CNT, PAS et SGEN-CFDT réunies en intersyndicale de lutte contre la précarité, impose un seuil maximum annuel d’heures travaillées : 200 heures, pas une de plus, au terme desquelles l’enseignant vacataire est renvoyé chez lui. Ces 200 heures sont le seuil limite qui ne donne droit ni à l’ouverture des allocations chômage, ni à la couverture sociale, ni à la prise en compte pour l’ancienneté, ni aux congés payés...
Au Lycée Professionnel Jacques Brel de Vénissieux, les élèves de 2nde BEP Secrétariat, de 1ère Bac Pro Secrétariat et de Terminale BEP comptable devront faire sans leur enseignante remplaçante à compter du 16 avril, car les 200 heures seront écoulées. Et après ? Rien, vraisemblablement, pas de solution de remplacement dans une discipline où les Titulaires Remplaçants sont en nombre insuffisant, et à un moment de l’année qui semble peu propice au recrutement de remplaçants précaires. Cela signifie que, pour des raisons de restrictions budgétaires, des élèves de Lycée Professionnel de ZEP, en classe d’examen pour certains, se retrouveront sans professeur dans des matières si importantes pour leur formation, de la mi-avril jusqu’à la fin de l’année. Alors que parallèlement, la vacataire remplaçante se retrouvera au chômage sans indemnités, et qu’en tout trois enseignantes ne seront pas remplacées dans cet établissement.
Quel crédit apporter aux déclarations démagogiques de M. Fillon, selon lesquelles les élèves en difficulté sont la priorité de sa réforme ? Sur le terrain, la précarité des enseignants fait gravement écho à la précarité des familles et des quartiers sensibles. Les restrictions budgétaires mettent en cause, beaucoup plus gravement que les mouvements sociaux, la continuité et la qualité du service public d’éducation, au détriment de la réussite des élèves les plus fragilisés.
Les enseignants de du LP Jacques Brel, comme tous les enseignants de zone sensible, sont très attachés au service pubic d’éducation qui doit garantir la stabilité des équipes et à la continuité des apprentissages. Ils se sont mobilisés et ont adressé une lettre pétition contre le départ de leur collègue vacataire, et pour son maintien sur le poste en tant que contractuelle, mais l’administration fait pour le moment la sourde oreille. L’équipe restera donc vigilante aux suites apportées à sa demande de contractualisation et saura réagir en cas de réponse négative.
L’intersyndicale de lutte contre la précarité (SUD Education, CGT, CNT, PAS, SGEN-CFDT) a pour sa part adressé une demande formelle d’Audience au Rectorat pour début mai, afin de revendiquer un contrat jusqu’à la fin de l’année scolaire pour les vacataires qui, comme l’enseignante du LP Jacques Brel, arrivent au terme de leurs 200 heures de travail. Les personnes concernées peuvent s’adresser à cette intersyndicale pour se faire connaître et se faire défendre : Intersyndicale contre la précarité Bourse du travail - boîte 120 Place Guichard 69003 Lyon.