Nous n’avons pas peur !
Mardi 28 mars, nous serons en grève. Nous irons manifester. Avec nos collègues, nos amis, nos voisins, nos parents, nos enfants, nous serons dans la rue. Salariés de tous les métiers, précaires, privés d’emploi, étudiants, lycéens, retraités, femmes et hommes de différents horizons, déterminés à lutter toutes et tous ensemble.
Nous ne sommes pas dupes de cette stratégie des puissants qui n’ont que le mot « dialogue » à la bouche, pour éviter d’avoir à dialoguer vraiment. Ils parlent de démocratie, mais ne connaissent, hélas, que le rapport de force.
Nous savons bien que le pouvoir tente de nous faire peur. Il instrumentalise la violence d’une minuscule minorité. Nous savons que les « casseurs », consciemment ou pas, sont manipulés par la police. Nous savons que beaucoup de journalistes sont payés, consciemment ou pas, pour démultiplier la peur et pousser chacun à se terrer au fond de son lit.
Lorsque le pouvoir fait charger des policiers équipés comme des guerriers, contre des enfants pacifiques, c’est le pouvoir qui est faible et qui a peur. Nous sommes forts et nous avons confiance. Vous voulez nous diviser, nous n’en serons que plus solidaires.
L’un d’entre-nous ne sera pas là mardi. Cyril, un manifestant parmi des centaines de milliers d’autres, a été bousculé, battu et piétiné par des agents de la force publique qui l’ont ensuite laissé sans soins. Il est dans un coma profond. Cyril n’est malheureusement pas la seule victime de cette violence policière qui est bien pire que la violence des « casseurs » et des « émeutiers » de novembre. Nous sommes solidaires de toutes les victimes. C’est aussi pour Cyril que nous serons dans la rue, plus déterminés encore à ne pas céder, à inventer de nouvelles résistances.
Nous luttons contre la précarisation généralisée de nos vies. Nous ne défendons pas le système tel qu’il est, ou tel qu’il a pu être. Nous voulons de vraies réformes sociales. Nous savons que notre pays n’a jamais été aussi riche. Nous pouvons financer à chaque personne vivant dans ce pays une véritable protection sociale et un revenu décent. Dans une démocratie riche, chaque adulte doit pouvoir travailler, chaque jeune doit pouvoir se former.
Au-delà du CPE, prenons nos affaires en main, ici et maintenant, sans attendre grand chose de ceux qui profitent depuis des années d’un système à bout de souffle, ni de ceux qui promettent monts et merveilles pour l’année prochaine ou le siècle prochain.
Messieurs Sarkozy et Villepin se livrent actuellement une guerre de pouvoir dont nous sommes les victimes. Au nom de cette guerre personnelle, ils hypothèquent notre avenir collectif. Qu’ils aillent s’empoigner sur un ring, si c’est leur plaisir, et qu’ils nous laissent en paix, nous qui avons de la politique une vision plus digne et plus haute.
Ils veulent nous essouffler, nous diviser, nous terroriser, nous culpabiliser, nous salir, nous briser. Nous ne nous laisserons pas faire. Mardi 28 mars, nous serons en grève ; mercredi 29, et tant qu’il le faudra, nous continuerons la lutte.