Un échange avec la FSU suite à notre article "Quel syndicalisme voulons-nous ?"

jeudi 14 octobre 2004

Notre article "Quel syndicalisme voulons-nous ?" publié dans le numéro 35 d’Itinéraires Sud en juin 2004 a provoqué une réponse de la FSU, elle-même suivie d’une réponse de l’Assemblée Générale de SUD Education Rhône ; vous trouverez ci-dessous ces textes.

1. "Quel syndicalisme voulons-nous ?", article paru dans Itinéraires Sud de juin 2004

2. Réponse de la FSU

Quel syndicalisme voulons-nous ?

C’est sous ce titre que « Itinéraires Sud », le journal de Sud-éducation Ain Loire Rhône, n° 35 de mai-juin 2004, fait paraître un article sur les formes du syndicalisme dans l’éducation nationale.

La question est suffisamment importante et d’actualité pour que l’on prenne la peine de soigner et l’argumentation et la forme. Ce n’est malheureusement pas ce qui caractérise cette contribution. Que viennent faire dans un texte qui se veut constructif les caricatures et les raccourcis douteux ? La FSU est accusée de vouloir conserver sa position de « clé de voûte » de l’unité syndicale en tentant de concilier l’inconciliable : « la FOL et les bataillons lambertistes », « les carpettes du MEDEF les étudiants et la Ligue de l’enseignement », « Chérèque et Bakounine » ... Plus concrètement, le syndicalisme « vertical » dont nous ferions partie préférerait s’occuper des « mutations de ses adhérents plutôt que des mutations de notre société ». Un « syndicalisme mou qui roule pour la gauche molle ». Enfin, plus désolant encore dans une contribution du GIO, est glissée une allusion à la cogestion avec le ministère, et aux « syndicats qui se couchent devant le pouvoir (ou qui couchent avec ?) » (sic). Quel niveau ! Surmontons notre colère et tentons néanmoins de poursuivre le débat au-delà des anathèmes et injures sexistes.

Le « chapeau » relève l’existence, dans le Rhône, d’une intersyndicale où l’on peut faire de « vraies rencontres unitaires ». Voilà qui suscite l’intérêt !, L’auteur tente une analyse en opposant deux « cultures » syndicales l’une « verticale », l’autre « horizontale »).

C’est balayer d’un revers de plume trois questions essentielles

D’abord doit-on, peut-on, opposer ce que l’on a coutume d’appeler le syndicalisme de la feuille de paye et celui de la transformation sociale ?

Pour ce qui la concerne, la FSU se refuse à le faire et a construit toute son orientation sur ce double défi. Un syndicat majoritaire (ou qui aspire à l’être, et qui pourrait assumer devant les salariés son refus de le devenir ?) a effectivement la responsabilité d’apporter des réponses à toute la profession. Il n’y a pas en syndicalisme des matières « nobles » et des « disciplines d’éveil ». Tout a son importance, à un moment donné, et l’on pourrait mesurer la maturité d’un syndicat à sa capacité à traiter également des revendications et de leur contribution à la transformation sociale, du développement des garanties collective de la profession, et de l’aide individuelle due à celles ou ceux qui se trouvent en difficulté.

Ensuite celle de la démocratie syndicale et de la démocratie dans les luttes, qui ne s’y réduit pas.

Nous sommes preneurs de toutes les leçons mais effectivement, comme le reconnaît l’auteur, c’est plus facile - mais ce n’est malheureusement pas une condition suffisante ! - quant on est petit que lorsqu’on syndique 4 536 adhérentEs sur un département. La FSU comme les autres organisations syndicales est en permanence le lieu de conflit entre des fonctionnements hiérarchiques - renforcés par la structure même des administrations - et des fonctionnements en « réseaux » auxquels aspirent de plus en plus nos collègues. Pour autant l’élaboration et la défense des mandats majoritairement débattus - dans un cadre pluraliste que nous aimerions voir plus partagé ailleurs - reste une question difficile et qui ne se satisfait pas des raccourcis.

Autre chose encore est la démocratie dans les luttes. Notre détermination à faire fonctionner une AG lors du mouvement du printemps dernier démontre que nous sommes convaincus que certaines formes de luttes imposent des fonctionnements adaptés. Sans que pour autant nous ignorions tous les adhérents qui ne peuvent, ou ne veulent, pratiquer l’Assemblée générale départementale. Nous avons eu entre nous des débats qui nous semblaient moins caricaturaux sur nos différences d’approches sur ces questions. La présentation qui en est faite est d’autant plus décevante.

La troisième dimension est celle de la dimension Interprofessionnelle.

Oui la FSU est une fédération dans un champ réduit. Oui cela nous pose de redoutables questions, on l’a vu par exemple au printemps dernier ou récemment, lorsque les exigences de la situation et de la lutte impliquent de dépasser ce cadre restreint, Nous cherchons comment y répondre. Sud éducation peut se gausser, mais nous n’avons pas vu, pour l’instant que les syndicats du GIO soient mieux à même de répondre à ces questions. Les confédérations elles-mêmes, par nature interprofessionnelles, ont des difficultés avec cette question. La bataille sur les retraites, ou plus récemment encore sur l’énergie en sont l’illustration.

Alors, y a-t-il une formule magique ? Le débat se situe tout simplement dans notre capacité collective à rassembler et à construire les rapports de force indispensables. Cela n’a rien d’une évidence. L’histoire du syndicalisme est jonchée de rassemblements ridicules (moins que les forces de l’ordre !), de grèves ratées, de manifestations étriquées et de vains appels à la convergence des luttes. Mais seule une poignée de militants convaincus est capable de supporter ce régime à fortes doses.

Pour rassembler le plus de personne possible, il n’y a pas de solution-miracle. Il faut tenir compte de la profession, de son rapport avec les syndicats, de ses ressources. Il faut surtout diversifier les approches, les modes d’action. On fait parfois autant pour la transformation sociale en réunissant plusieurs centaines de personnes dans un colloque que quelques milliers dans la rue, La presse syndicale, les réunions d’information contribuent à alimenter le débat, font progresser les idées. Les interventions auprès de 1 ’administration, les communiqués de presse permettent de positionner les attentes et les exigences, d’autant plus qu’ils sont portés par des organisations majoritaires qui ont le souci permanent d’être en phase avec leurs adhérents ! Bref, il n’y a pas de bonnes et de mauvaises pratiques, il y a des pratiques différentes et qui se complètent. A la FSU, nous n’en privilégions aucune, seul compte leur adéquation avec les enjeux et les aspirations des collègues !

Reste une question, perfide : Si SUD éducation se dit si éloigné de ce qu’il appelle le syndicalisme « vertical », « sectoriel », s’il affirme « vouloir prendre de plus en plus ses distances », quel intérêt trouve-t-il encore à travailler en intersyndicale, avec ces syndicats qui ne jouent que le rôle « d’intermédiaire impotent » ? Une question que nous ne manquerons pas de lui poser... à la prochaine rencontre « unitaire » !

3. Réponse de l’AG de SUD Education Rhône à la FSU le 13 octobre 2004

SUD éducation 69

A

FSU 69

Suite à la publication, dans notre journal de mai-juin, d’un article entrant dans la rubrique « quel syndicalisme voulons-nous ? », la FSU nous a adressé une réponse, avec copies à l’intersyndicale... Nous sommes particulièrement heureux de constater que différents syndicats de l’éducation cherchent à développer une démarche de dialogue constructif, de critique intelligente et de débat authentique, et c’est avec grand intérêt que nous avons étudié la réponse en question.

L’essentiel des critiques qu’elle contient ne nous gêne absolument pas : bien au contraire, les critiques, lorsqu’elles sont pertinentes, alimentent la réflexion commune et permettent de s’améliorer. Et les critiques injustifiées, en l’occurrence, relèvent manifestement du malentendu. Nous n’entrerons pas dans une polémique inutile : nous ne pouvons pas imaginer que l’intention de la FSU puisse être de nous chercher querelle gratuitement ou de polémiquer stérilement. Tout texte abordant un sujet complexe se prête à différentes lectures, et le sens donné à notre article par la FSU, à partir de quelques éléments saillants, constitue une interprétation parmi d’autres. Toutefois, il nous semble qu’extraire et commenter des formules n’est peut-être pas forcément la méthode la plus fiable pour construire une analyse précise d’un texte complet.

Comme notre article de départ le laisse entendre, puisque la formule magique du syndicalisme efficace n’existe pas, il nous faut construire tous ensemble l’efficacité du syndicalisme, avec modestie et opiniâtreté, dans le respect de chaque point de vue. C’est en cela que la complémentarité entre une dimension « verticale » et une dimension « horizontale » du mouvement syndical est fertile. En effet ces deux dimensions sont destinées à se rencontrer, et non pas à s’opposer : elles ne sont pas parallèles, mais sécantes et complémentaires. C’est la rencontre de ces deux dimensions qui permet de construire tous ensemble un syndicalisme vivant, un syndicalisme... en trois dimensions.

FSU et SUD partagent, dans leurs noms mêmes, une valeur essentielle : l’unité. Pour nous, l’unité ne se construit qu’à partir des différences : la question de l’unité n’a pas de sens dans un groupe où tout le monde serait exactement « sur la même longueur d’onde », ou au sein d’un groupe dans lequel un point de vue occulterait l’ensemble des autres. C’est précisément parce que nos points de vue divergent, et que personne ne détient la vérité, que nous devons nous unir, non pas pour nous appauvrir autour d’un consensus mou ou d’un « plus petit commun dénominateur », non pas pour qu’une voix prenne simplement le pas sur les autres, mais pour créer une unité chorale, dans la transcendance des oppositions et le débat véritable. C’est la raison pour laquelle nous sommes attachés à l’amplification du travail intersyndical à tous les niveaux, dans un esprit de dialogue franc.

Nous sommes finalement d’accord avec la FSU, une question aussi importante que « quel syndicalisme voulons-nous ? » mérite mieux que des approximations ou des passes d’armes acrimonieuses, et ne peut pas être traitée de manière satisfaisante en quelques pages (avec ou sans réponse). C’est la raison pour laquelle il nous semble important de créer les conditions d’une vraie discussion sur le fond. Nous invitons donc les collègues de la FSU à en débattre à l’issue de la prochaine assemblée générale des précaires et titulaires solidaires.

L’assemblée Générale
de SUD Education 69


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