Pas de justice, pas de paix...
L’idéologie dominante valorise énormément la compétition. L’école selon Fillon, Robien ou Allègre, c’est l’école de la compétition. Elle repose sur "l’égalité des chances" chère à Azouz Bégag :chacun-e pour soi, que les meilleur-e-s gagnent, et que les autres crèvent. Or à quoi assistons-nous avec les "violences urbaines" de ces derniers jours, sinon à une compétition entre quartiers, et entre la police et une petite frange de la population ?
La minorité des "jeunes" qui caillassent, incendient, détruisent, blessent ces jours-ci dans nos "zones urbaines sensibles" se sont lancés dans une vaste compétition inter-quartiers. Il s’agit de montrer qu’ils sont "les boss", au moins aussi violents que leurs voisins. Et Sarko lance ses troupes dans cette compétition : soyez plus forts que la racaille ! Dans ce cadre-là, l’instauration d’un couvre-feu est une provocation supplémentaire. Nous sommes, de part et d’autre, en présence du dernier avatar de l’esprit guerrier et cocardier cher aux conservateurs de tous poils. Sarko va sur le terrain des "émeutiers", géographiquement et psychologiquement. C’est une erreur terrible.
Sur TF1, Villepin le pompier pyromane annonce des mesures pour l’école : l’apprentissage dès 14 ans, multiplier par trois les bourses au mérite et créer des "internats d’excellence". Donc les "mauvais" élèves, hors de l’école le plus tôt possible, et les "bons" élèves davantage favorisés. On est toujours dans cet esprit de compétition.
Chirac aussi n’a que "l’égalité des chances" à la bouche.
L’égalité des chances, c’est au loto, ou sur la ligne de départ d’un 110 mètres haies. Ce dont notre société et notre école ont besoin, ce n’est pas de l’esprit de compétition, mais au contraire de justice sociale. Permettre la réussite de tou-te-s, permettre à chaque individu d’avoir une place positive dans la société, de vivre décemment, sans précarité ni misère, et d’agir avec les autres pour améliorer le bien commun.
La compétition sportive ultramédiatisée, la publicité pour les articles de sport, de nombreux jeux vidéos renforcent cet esprit belliqueux, que l’école laïque devrait combattre, mais que Fillon veut renforcer dans les classes.
Tant que les policiers coupables des récents dérapages n’auront pas été punis et définitivement radiés, tant que les donneurs d’ordre n’auront pas été démissionnés et jugés, tant que notre société ne mettra pas en place les conditions d’une véritable justice sociale, en particulier par l’école, à l’opposé de "l’égalité des chances" nous connaîtrons cette nouvelle forme guerrière : pas de justice, pas de paix !