Loi d’orientation Fillon... école laïque en danger

mercredi 12 janvier 2005

Loi d’orientation Fillon...école laïque en danger

Lire-écrire-compter, un peu d’anglais et d’informatique tel est le nouveau bagage prévu par Fillon pour l’écolier du début de siècle : « Ce socle est la charpente (sic) grâce à laquelle l’élève construit tout son avenir ». Remplacez Anglais par Marseillaise et informatique par quelques dates de l’Histoire nationale et vous avez l’école de Jules Ferry, celle qui avant 1914 préparait « la revanche » dans un pays en voie d’industrialisation. Aujourd’hui la guerre est économique nous dit-on, le marché du travail a besoin d’une main d’œuvre faiblement qualifiée. Ces emplois à faible qualification sont ceux que l’économie américaine développe et multiplie depuis l’ère Reagan... L’ambition de « modernité » de Fillon s’inspire donc des écrits du Medef où il est question de « socle de base » fournissant « les bases scientifiques, techniques, juridiques ou économiques préparant le jeune à la famille de métiers vers laquelle il a décidé de s’orienter ». Un lobby patronal, l’Institut Montaigne propose dans un rapport intitulé « De la formation tout au long de la vie à l’employabilité » un socle de base « maîtrise de l’écriture, du calcul, d’une langue étrangère et de l’informatique, acquisition de l’esprit d’équipe ». L’OCDE, autre lobby libéral écrit : « L’enseignement primaire et secondaire jette les bases d’un ensemble de savoir-faire essentiels préparant les jeunes à devenir des membres productifs de la société. » Le rapport Camdesus évoque un recrutement des personnels par les établissements.
L’ambition de Fillon n’a donc rien d’une réflexion pédagogique sur la culture commune et polyvalente que pourrait offrir un système éducatif dans sa continuité sur l’ensemble du territoire. Ce « socle commun » dont la maîtrise n’assurerait plus le passage au lycée relève d’une conception utilitariste et rétrograde de la culture. Lire-écrire-compter pour les uns, accès à une culture pluridisciplinaire pour les autres en accentuant la hiérarchisation entre les disciplines. Le redoublement que les études sérieuses montrent comme négatif au début de la scolarité primaire est remis en place. Potentiellement efficace lorsqu’il était accepté par l’élève et ses parents à l’issue d’un travail de conviction dans le secondaire, ce redoublement devient décision d’autorité. Ajoutez le contrôle continu dans le déroulement du baccalauréat et vous avez un risque de multiplication des conflits locaux entre parents et enseignants, de pressions hiérarchiques des chefs d’établissements ; pour un baccalauréat qui risque de ne plus garantir une possible inscription dans le supérieur...

L’Ecole de Fillon est celle de la sélection et du tri social renforcés, et cela malgré des déclarations ronflantes : « l’écart se creuse entre les chances de réussite des enfants des milieux les plus favorisés et ceux dont les parents sont ouvriers, sans emploi ou d’origine étrangère ». Renforcement de l’alternance école-entreprise et orientation précoce conduiront cependant à exclure davantage d’élèves de la voie générale. Le but : augmenter le nombre d’apprentis de 50% (plan Borloo). Aucune évocation de passerelles ou de réorientations possibles. Le système se rigidifie, les filières demeurent étanches. Les enfants de la bourgeoisie et des classes moyennes dans la voie générale, la majorité des autres dans l’apprentissage et la voie professionnelle, toujours plus précocement et sans retour. La mise en place de quelques « bourses au mérite » sert ensuite à laisser croire que la méritocratie scolaire peut contrecarrer une hiérarchie sociale fondée sur l’origine familiale et l’argent.

Pour Sud éducation le projet Fillon, qui prévoit de plus une profonde fragilisation des statuts des personnels, n’est ni amendable ni négociable. Il constitue à terme pour l’école publique l’équivalent des réformes Fillon et Douste-Blazy pour les retraites et l’assurance maladie. Un vaste mouvement populaire de défense de l’école publique s’impose, Partout, l’Union syndicale Solidaires doit jouer un rôle dans sa construction.
Notre opposition au projet est aussi un appel à l’unité.

Sud éducation


Documents joints

Word - 28.5 ko

Agenda

<<

2024

 

<<

Mars

 

Aujourd'hui

LuMaMeJeVeSaDi
26272829123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031
Aucun évènement à venir les 2 prochains mois

Brèves

16 mai 2011 - AG contre la précarité — jeudi 19 mai à l’ENS

Pour information, une assemblée générale sur la précarité et les pressions au travail aura lieu à (...)

19 avril 2011 - Expulsion des grévistes de l’ENS d’Ulm ce matin

Les militant-e-s SUD Éducation de l’ENS de Lyon apportent tout leur
soutien aux précaires et aux (...)

24 mars 2009 - Mais que font les syndicats ???

Tu trouves que les centrales syndicales ne jouent pas le rôle qu’elles devraient avoir dans les (...)

5 janvier 2009 - Appel à la résistance dans le premier degré

Article sur le site de la fédération à consulter
clic

9 février 2008 - Commission pédagogie à Sud rhône

Lundi 12/02 à 18H30 au local de Sud Educ Rhône/Solidaires 10, rue du Gazomètre, 69003 Lyon Ordre (...)