L’illusion du télétravail dans l’éducation

mardi 17 mars 2020

Garder le contact avec nos élèves, oui ; creuser l’écart entre elles et eux, non.

L’idée de fournir à nos élèves "la classe à la maison" peut nous paraître louable dans la période très étrange que nous vivons. Mais ne perdons pas de vue quelques éléments-clef de ce que nous demandons à travers cette illusion...
1/ des devoirs à la maison : "continuité pédagogique" apparaît comme la poursuite de ce que nous faisons en classe. Or l’analyse des devoirs à la maison est claire. Dans le primaire, les devoirs à la maison sont même proscrits par les textes. Et même si c’est toléré en fin de CM2, c’est dans la perspective de donner aux élèves les bases de l’organisation qui leur sera nécessaire au collègue, pas pour avancer dans le programme. Car toutes les études le prouvent : donner des devoirs creuse les inégalités scolaires. Les élèves qui ont besoin d’aide n’en trouvent pas forcément à la maison : pas les savoirs requis, pas les outils pour trouver les réponses, pas le temps d’aider, une fratrie de plusieurs niveaux scolaires... des inégalités dans lesquelles s’inscrit actuellement celle du télétravail de nombre de parents !
2/ des écrans : là encore, les études montrent que les écrans ont pris une place majeure dans le temps de la journée des enfants et des adultes, que leur usage n’est pas souvent raisonné, et que si nous devions pousser à une tendance, ce serait celle de la réduction du temps devant écrans.
3/ l’outil numérique et ses périphériques : lorsque l’on envoie un mail aux parents pour transmettre une fiche, un exercice, un coloriage ou n’importe quel document à imprimer, nous supposons d’emblée que la famille dispose d’un moyen de le faire. Ce n’est pourtant pas le cas. La génération "connectée" l’est par la tablette, le téléphone... et n’a pas forcément accès à une imprimante. Là encore, nous creusons les écarts entre nos élèves.

Non, il ne peut y avoir de "classe à la maison" telle que les grandes annonces du ministre pourraient laisser entendre. Et heureusement ! Si c’était le cas, alors le service public d’éducation national n’aurait plus qu’à fermer ses portes. Il suffirait d’un écran, d’une connexion, et une petite poignée d’enseignant.e.s. Or nous savons que l’apprentissage, de la maternelle à l’université, ne se fait pas comme ça. Nous avons besoin d’échanges vivants, de débats, de manipulations...

Mais alors que faire ??
Déjà, déculpabiliser si nous ne sommes pas préparé.e.s. C’est normal, la situation est exceptionnelle et s’est imposée dans l’urgence.
Et ensuite, peut-être se dire que nos élèves ont en ce moment besoin de (re)trouver des activités malines, ludiques, sans écran, si possible en toute autonomie et en fratrie ? On pourrait même dire que la continuité pédagogique dans cette période particulière, ce serait de leur montrer de temps en temps que le monde (et le monde de l’école) existe, en leur racontant un truc qui n’a rien à voir, une anecdote, un nouveau jeu à faire...


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