Le recteur de l’académie de Montpellier fait entrer le MEDEF dans les écoles

jeudi 10 juin 2004

Monsieur Marrois, recteur de l’académie de Montpellier, diffuse massivement dans les établissements scolaires de la région Languedoc-Roussillon une brochure luxueuse coéditée MEDEF-rectorat. Cette brochure nous apprend l’existence d’une convention permettant au MEDEF d’organiser dans les écoles des séminaires à destination des élèves. C’est ainsi qu’à l’automne 2003, pendant quatre semaines, des patrons ont pu intervenir de façon permanente dans plusieurs lycées.

Or le MEDEF n’est pas une simple association professionnelle d’employeurs, c’est une organisation idéologiste, qui propage des théories très contestables. Le MEDEF est avant tout un parti politique qui défend les thèses les plus réactionnaires de la période actuelle. Un parti politique qui combat toutes les avancées sociales et qui revendique un libéralisme économique effréné dans lequel seule la logique du profit compte. En matière d’Education le MEDEF prône le SMIC scolaire, l’apprentissage précoce, des formations adaptées aux besoins locaux, c’est à dire la disparition de l’enseignement universaliste. Il s’agit d’une logique contraire aux missions de l’école, car celle-ci doit avoir pour objectif prioritaire, dans une république démocratique, d’aider les jeunes à devenir des adultes majeurs, à devenir des citoyens. Pour cela, l’école doit être gratuite et laïque, ce qui signifie indépendante de la tutelle des groupes de pression. L’introduction du MEDEF par le recteur Marrois est donc une remise en cause gravissime du Service Public d’Education.

Ce qui est choquant, c’est que cette alliance MEDEF-Rectorat se cache derrière la nécessité d’une liaison de l’école et du monde du travail. On assiste là à une véritable oeuvre de sophistes qui consiste à faire prendre des vessies pour des lanternes. Il suffit pour s’en convaincre de lire la brochure que le recteur a cosignée avec le président du MEDEF local : Celle-ci présente avec bonhomie les quatre semaines de présence des patrons dans les lycées et collèges de la Région : Tout le monde a été content ! et ce bilan permet de conclure : « Ecole-Entreprise : un mariage de raison ». Un jugement sans appel, que la brochure met en avant pour convaincre ceux qui n’ont pas pu assister à la démonstration. Cependant, cet opuscule n’en reste pas là, puisqu’il se termine par « une présentation de l’entreprise par le MEDEF ». Dans ce chapitre on apprend qu’il y a des actionnaires, des concurrents, du capital, des recettes et des bénéfices ; Bref, du profit dans un monde libéral. Par contre pas un mot n’est dit sur les droits des travailleurs, les conventions collectives, les Comités d’entreprise, d’hygiène et de sécurité. Sur les droits syndicaux et le droit de grève.

Cette vision de l’entreprise est donc partisane et n’a rien à voir avec une quelconque initiation des élèves aux réalités professionnelles. Il s’agit d’une véritable campagne d’intoxication des élèves aux thèses libérales et réactionnaires du patronat. Et il est inadmissible qu’un recteur cautionne cette intrusion propagandiste, qu’il en soit même le principal initiateur. En effet, il n’est pas inutile de rappeler comment M. Marrois est parvenu à ce résultat. Tout a commencé avec l’introduction des Plateformes Technologiques (PFT) dans l’Enseignement Professionnel, il y a quatre ans. A cette époque il a demandé aux Conseils d’Administration de certains lycées de voter (sans document) pour un dispositif permettant « de faciliter les stages en entreprises pour nos élèves ». Par la suite, on découvrait que des Conventions (que personne n’avait votées) permettaient un partenariat, très avantageux pour le patronat local.

SUD-éducation a été le premier (et souvent le seul) à combattre ces dispositifs, en salles des profs, en CA, et auprès des tribunaux Administratifs et Correctionnels. A présent, cette alliance MEDEF-Rectorat confirme la justesse de cette lutte contre les PFT, qui visaient déjà à mettre les établissements scolaires sous la tutelle des patrons.
Aujourd’hui, tout comme on interdit la présence des sectes religieuses, on doit refuser que le MEDEF puisse endoctriner nos élèves. On doit lui interdire l’accès des écoles.

Cela se passe à Montpellier, cela va bientôt arriver à Lyon. En effet cette académie du Sud de la France est « pilote » en matière de relations avec les entreprises, elle l’est également en ce qui concerne le « management des personnels ». Ainsi plusieurs dispositifs de ce genre ont été généralisés après avoir été expérimentés là-bas. Il faut donc rester vigilants, et nous mobiliser pour mettre le MEDEF hors de l’école, avec nos camarades du Languedoc.

Roland VEUILLET


Vous trouverez ici un scan de la brochure co-éditée par le Rectorat de Montpellier et le MEDEF. Attention, le chargement de la page peut être long !


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