La « violence à l’école » au-delà des faits divers, les questions de fond

lundi 4 février 2008

Fin janvier 2008 dans le Nord, encore un fait divers concernant « la violence à l’école ». Après l’enseignante poignardée, le chef d’établissement agressé (qui se serait peut-être finalement auto-mutilé), voici donc l’élève qui insulte son enseignant et reçoit une gifle de la part de ce dernier.

Les comportements violents n’ont aucune place dans une véritable relation éducative. Il est de la responsabilité de chacun-e (professionnel-le-s, élèves, parents) de refuser et de combattre la violence, et toute personne qui passe à l’acte est forcément en partie responsable. Mais à trop se focaliser sur tel ou tel incident, on en oublie l’essentiel.

Nous vivons dans une société violente. La misère, l’exclusion sociale, la peur de l’avenir, la répression policière, les discriminations, l’étalage tapageur du luxe et de l’impunité des puissant-e-s sont des violences, que certains jeunes subissent tout particulièrement. Les grands médias véhiculent aussi des messages violents dans les informations, les fictions, les programmes jeunesse, mais aussi la publicité, qui joue sur nos désirs et crée des frustrations.

Le malaise de la jeunesse est nié par les responsables politiques actuels. Le malaise de nombreuses/eux professionnel-le-s de l’éducation également. Ces deux malaises sont liés. Lorsque le gouvernement parle de supprimer des dizaines de milliers de postes dans l’Éducation Nationale, pour des raisons d’économies budgétaires, il sous-entend que nous sommes des parasites. Lorsqu’on multiplie ou transforme radicalement nos missions, sans concertation, sans moyens, sans formation, au gré des modes et des sondages, nous sommes nié-e-s dans notre identité professionnelle. Lorsque les pressions hiérarchiques, la mise en concurrence, la « culture » du résultat, la précarité et les méthodes « manageuriales » des grandes entreprises s’imposent, de la maternelle à l’université, c’est l’esprit même du service public qui est trahi.

Dans une société de la suspicion et de la répression
(fichages, contrôles policiers, sans-papiers arrêtés aux portes des écoles, vidéosurveillance, lois sans pitié pour les mineur-e-s...), quelle est la place de l’éducation ? Quel avenir construisons-nous pour la jeunesse de ce pays, tant que l’école publique aura pour mission essentielle de reproduire et d’accentuer les inégalités sociales, et de contenir une jeunesse « inquiétante », pour permettre à la ménagère de moins de cinquante ans d’aller faire ses courses sans avoir peur d’être agressée ?

Il est urgent d’améliorer la confiance entre l’ensemble des partenaires du système éducatif. Il est urgent d’améliorer l’école, dans ses fonctionnements, ses méthodes, ses moyens, ses contenus... Il est urgent d’inventer collectivement un service public d’éducation oeuvrant à l’émancipation de chaque enfant, levier pour construire une société de justice, de savoir et de liberté. En attendant, les incidents futurs risquent malheureusement de se révéler encore plus dramatiques que des insultes et des gifles.


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