Comme si l’école pouvait tout régler...

Mixité sociale et carte scolaire : bonjour l’hypocrisie
mardi 29 mai 2007

Darcos, Royal ou Sarkozy vont-ils déroger à la carte scolaire pour scolariser leurs enfants dans les réseaux "ambition réussite" de Saint-Denis, de la Courneuve, de Roubaix ou de Vénissieux ?

Darcos veut davantage de mixité sociale à l’école. La mixité sociale, c’est la proximité entre personnes de milieux sociaux différents, c’est-à-dire, pour l’école, des élèves riches assis à côté d’élèves pauvres.

L’objectif d’une démocratie ne serait-il pas, en priorité, de faire disparaître la pauvreté ? Et le meilleur moyen pour le faire, par exemple fiscalement, n’est-il pas de rendre les riches moins riches ? Nous devons nous opposer à la mixité sociale comme objectif de l’école et de la société, car cette mixité enterre l’égalité sociale. Réduisons plutôt l’échelle des salaires en instaurant un revenu maximum, et un vrai revenu minimum (1500 € ?). Voilà ce dont on ne parle pas pendant qu’on brode sur la carte scolaire et la mixité.

Si la ségrégation sociale passe par l’école, la carte scolaire n’en est pas la cause. C’est d’abord la politique de l’habitat qui organise des ghettos pour les pauvres, et des secteurs réservés aux riches. Que peut l’école face à la spéculation immobilière et à la loi du marché ? Comment rattraper en classe des décennies d’errements criminels dans la politique HLM ?

Le logement étant un droit fondamental, un des premiers besoins de chaque personne, la condition première de l’insertion sociale, le logement constitue un levier fondamental contre la ghettoïsation du pays. Le développement des transports publics également. On ne peut pas attendre de l’école qu’elle répare seule tout ce que les dirigeants de ce pays, à droite, mais aussi à gauche, ont détruit ou empêché, souvent volontairement.

Garantir, par ailleurs, un emploi stable, utile et correctement rémunéré à chaque adulte, avec un revenu suffisant (type revenu universel) dans les périodes de formation et de maladie, ou entre deux emplois, c’est également le moyen de sécuriser des familles entières, des quartiers entiers, et donc d’aider les enfants à réussir leur scolarité.

Bien sûr, l’école républicaine doit redevenir un des creusets de notre société. Elle doit ouvrir chaque enfant sur le monde, sur les autres cultures. Elle doit surtout permettre aux enfants de connaître et de combattre les injustices sociales et les discriminations, et non pas les asservir encore davantage, pour les livrer tout crus aux employeurs.

Mais si les effectifs de l’Education Nationale sont amenés à être divisés par deux en quelques années, comme le promet la droite, comment augmenter la qualité de l’école publique, pour y scolariser les élèves tentés par l’école privée ? Comment ferons-nous correctement notre travail ? Comment proposerons-nous des projets pédagogiques ambitieux, de l’aide, de l’écoute, du soutien pour chaque enfant ?

S’il faut "faire des économies" (?), pourquoi l’Etat laïc finance-t-il encore des écoles privées confessionnelles, voie royale de l’atomisation de la carte scolaire ?

Jamais l’accès aux filières d’excellence n’a été si complexe pour les enfants des milieux populaires.
L’ascension sociale dans l’école, c’était aussi l’existence des MI/SE, et l’accès à l’emploi par les concours nationaux, y compris pour des collègues n’ayant pas beaucoup de diplômes (OEA, OP...). C’est aussi cela que la droite a détruit en 2003.

Si chaque famille trouve dans son quartier, dans son village, une école publique gratuite de grande qualité, avec des professionel-le-s titulaires, nombreux et formés, de vrais moyens de remplacement, des dispositifs d’aide individualisée efficaces, une vraie palette d’options, des locaux adaptés, peu iront scolariser leurs enfants ailleurs. Cela aurait un coût, mais ce serait un investissement pour l’avenir. Ce n’est pas sur l’éducation qu’il faut faire des économies, même s’il faut, d’ores et déjà, mieux employer le budget et lutter contre certains gaspillages.

Chaque collège, chaque lycée, chaque EPEP pourrait choisir ses élèves, selon Darcos. C’est l’autonomie des établissements. Mais l’autonomie des établissements est un leurre. Quel choix d’élèves pourra s’opérer dans les établissements que personne ne demande, du fait de leur réputation, de leur délabrement, de leur dénuement matériel, de leur situation géographique (...) ? Va-t-on transférer toutes les filières d’élite, classes prépas, langues rares, classes à horaires aménagées vers les quartiers les plus délabrés socialement ? Chiche !

Déjà aujourd’hui, cette "autonomie" contraint chaque équipe à se rendre complice de la gestion de la pénurie. Dans les Conseils d’Administration, on ne vote pas sur l’enveloppe de moyens accordés, mais seulement sur la répartition de ces moyens. C’est d’ores et déjà la démocratie en trompe-l’oeil.

L’autonomie des universités relève de la même hypocrisie, et c’est cette logique qu’on étend au premier degré (EPEP).

L’assouplissement ou la suppression de la carte scolaire favorisera les familles qui sont encore en capacité de réfléchir à long terme, de s’informer, de soutenir leurs enfants au quotidien. Darcos favorise la concentration de ces élèves dans les beaux quartiers, et accentue donc la ségrégation qui pèse sur les familles à la dérive, incapables, pour des raisons diverses, d’aller chercher un enfant à l’école ou d’assister à une réunion. Or ce sont bien ces familles qui doivent constituer la priorité du service public.


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