La rue gueule et s’organise

500.

Nous étions au moins 500 à nous retrouver à la Bourse du Travail suite à
la manifestation du 19 mars. 500 personnes qui n’avaient pas envie d’attendre
les prochaines instructions des grandes centrales syndicales, et qui voulaient
travailler à la convergence des luttes.
Trois collectifs étaient à l’origine du rassemblement : le comité 69 de
l’Appel des Appels, le collectif Tous ensemble, et des salariés de la Rhodia.
Bouillonnement salutaire nourri de toutes les frustrations et colères provoquées
par les politiques néolibérales des 30 dernières années.
Un rassemblement bien sûr très hétéroclite. Des militants de tous
horizons, des pas-encore-militants, des gens qui en ont ras-le-bol, des
chômeurs, des salariés, des fonctionnaires, des techniciens du spectacle vivant et
de l’audiovisuel, des parents d’élèves, des chanteurs, des chercheurs, des
enseignants, des étudiants, des comédiens…
Il y eut bien sûr parfois des incompréhensions, des emportements, et
heureusement aussi, des enthousiasmes. On y a notamment souvent entendu
parler de grève générale, dire que celle-ci ne se décrétait pas, mais se
construisait peu à peu avec l’ensemble des salariés… y a été évoquée également
l’idée d’établir une plateforme de revendications…
Mais même s’il était parfois difficile de se parler, tout le monde avait
bien conscience que la force de nos adversaires c’est de diviser pour mieux
régner.
Aussi après 2h30 de réunion, ces citoyens en colère réunis en assemblée
générale se sont choisi un nom provisoire : le Collectif du 19 mars 2009, et se
sont donnés un nouveau rendez-vous afin d’organiser ce qui peut devenir
l’embryon d’un LKP lyonnais : le 26 mars à 19h à la Bourse du Travail. Des
actions concrètes ont d’ores et déjà été évoquées, qui ne demandent qu’à mûrir
et s’enrichir.
Tout cela est fragile, mais porteur d’espoir.
Espoir que les travailleurs ne soient plus considérés comme des variables
d’ajustements d’un système économique et financier injuste.
Espoir qu’un autre monde soit possible, débarrassé de la rapacité des
marchés financiers et autres paradis fiscaux, et où l’argent ne soit plus une fin,
mais un moyen.
Espoir que cesse enfin la marchandisation généralisée de tous les secteurs
d’activité et que soient réaffirmés avec force les principes de service public et
d’intérêt général.
Bien sûr, c’était un rassemblement tumultueux parfois, une forme de
démocratie directe d’où n’étaient pas absents coups de gueule et dérapages.
Mais dans une société corsetée par un système médiatique aux ordres du
pouvoir, et où le slogan publicitaire remplace le programme politique,
comment ne pas se réjouir d’un tel élan ?
À bien des égards, on peut dire aujourd’hui que salariés et citoyens sont
en état de légitime défense. Et en face des multiples groupes de pression qui
harcèlent quotidiennement nos dirigeants pour faire progresser des intérêts
privés, ce mouvement social en train de naître peut devenir le groupe de
pression des citoyens et changer le rapport de forces en leur faveur.
Spectacle en lutte a bien évidemment sa place dans ce mouvement
d’ensemble. Pour y défendre bien sûr nos métiers, notre secteur d’activité et le
régime particulier d’assurance chômage dont nous bénéficions. Mais aussi pour
resituer cette lutte dans un contexte global et aider à l’amplification de
revendications légitimes, qui dépassent et englobent celles concernant nos
professions.

Aussi nous appelons chacun d’entre vous à participer à la prochaine AG de ce collectif, le 26 mars 2009 à 19h00 à la bourse du travail, Lyon.