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Retour sur les arrestations arbitraires en marge de la manifestive du 30 avril 2005 à Lyon
jeudi 19 mai 2005

La manifestive du 30 avril 2005 à Lyon a été mise en place par le collectif des résistances qui regroupe des personnes de divers horizons sans appartenance partisane. La Manifestive, s’inscrivant dans le Festival des Résistances et des Alternatives, a été un moment de musique,
de danse, de fête et de revendications fortes et pacifiques, pour une planète sans frontières.

Alors que la queue du cortège festif se trouvait place des Terreaux à hauteur de l’entrée du musée des Beaux Arts, 3 policiers de la BAC, qui n’étaient signalés par aucun brassard, se trouvaient en début de cortège et ont essayé à plusieurs reprises d’arrêter des personnes tout en remontant vers la fin de la manifestation festive. Au
moment où ils atteignent la queue du cortège, ils tiennent un manifestant immobilisé ; 3 autres policiers en civil qui étaient cachés derrière une voiture ont surgi sur une personne au sein de la manifestive.

Comme il était impossible de les reconnaître, sans brassards, sans signes distinctifs, la réaction immédiate des personnes environnantes a été de protéger ces personnes, pensant avoir à faire à des provocateurs. Croyant que c’était une simple bagarre sous cette chaude
après-midi, plusieurs participant-e-s à cette manifestive, sont venus logiquement s’interposer de façon responsable.

Le premier groupe de policiers en civils qui tentaient d’arrêter des manifestant-e-s a laché prise pour rejoindre leurs voitures. A ce moment-là, sans aucune sommation, des bombes lacrymogènes ont été lancées par des policiers placés près de l’entrée de la place des Terreaux. Certaines ont atterri au milieu de la place, les gaz atteignant même les terrasses des cafés derrière la fontaine Bartholdi.

Pendant cet évènement explosif, l’autre groupe de civils était aussi repoussé par des manifestants qui ne comprenaient pas ces violences. Entre autres, Virginie et Antoine, qui n’étaient ni déguisés, ni masqués. Ils étaient là comme beaucoup pour faire la fête. Ils ont vu des gens qu’ils ont pris pour des manifestants se bagarrer et ne sachant pas que c’étaient des policiers en civil ils se sont approchés dans l’intention de calmer la bagarre. C’est en arrivant à quelques mètres qu’ils ont vu leurs matraques et leurs flash-ball. Comprenant qu’il avait un flash-ball pointé sur lui, Antoine a écarté un bras en reculant pour
repousser la foule, il tenait Virginie à coté de lui par le bras. Une bombe lacrymogène a explosé à leurs pieds. Dans la bousculade qui a suivi, Virginie a été attrapée par les policiers. Alors que la foule était repoussée par les gaz lacrymogènes, ils l’ont alors trainée par les cheveux sur une trentaine de mètres jusqu’à leur voiture qui était garée devant la sortie de Lyon Parc Auto, à l’abri des regards des manifestants repoussés, mais en pleine visibilité des passants sur la place des Terreaux. Elle avait les genoux en sang.

Là, ils l’ont plaquée au sol, lui maintenant le visage contre la chaussée, les mains dans le dos, ils l’ont
matraquée, et l’ont cognée à coups de pieds. Puis, ils l’ont coincée sous une voiture, une roue dans l’entrejambe et l’ont menottée. Et, ensuite, ils l’ont électrocutée avec un taser, c’est-à-dire une décharge de 50 000 volts, avant d’être emmenée au commissariat central Marius Berliet.

A ce moment un quatrième policier de la BAC, qui lui portait un brassard fluo, se trouvait à quelques mètres tourné vers le public présent sur la place.

Il n’est pas à préciser qu’un samedi après midi sur la place des Terreaux se trouvaient de nombreuses personnes ne faisant pas partie de la manifestation aussi bien sur la place qu’aux terrasses des cafés... Le sérum physiologique a été beaucoup apprécié, car de nombreuses personnes, y compris de jeunes enfants et des personnes plus âgées ont été incommodées par les gaz lacrymogènes.

C’est à s’interroger sur la nécessité et les desseins d’une
intervention policière, des proportions qu’elle a prise, et des dangers qu’elle a fait encourir, alors que cette manifestation festive se déroulait dans la bonne humeur.

Lorsque la foule du cortège a quitté la place pour s’engouffrer dans la rue Constantine, les passants choqués huaient les forces de l’ordre depuis la place des Terreaux, et les personnes présentes aux terrasses des cafés en faisaient de même. Quelques cannettes, lancées en direction des policiers, ont atterries au sol.

Le cortège toujours festif, car beaucoup n’avaient même pas vu ce qui s’était passé en fin de cortège, suivi de très loin par les forces de l’ordre, continue la balade prévue pour arriver Place St Paul où se déroule la dernière partie de la manifestive pendant une heure. La place est très surveillée par des policiers en uniformes mais tout se passe bien jusqu’à la fin. A 19h comme prévu les organisateurs demandent au public de se disperser et aux chars sonores de quitter les lieux. A 19h 30 les camions sonores avaient éteint leurs enceintes. Le public ayant dansé toute l’après-midi met du temps à se disperser. A 20h, il ne reste qu’une trentaine de badauds sur la place, et les chariots, servant à récupérer les bouteilles vides, tout au long de la manifestive, pour éviter qu’elles ne demeurent sur la chaussée, dans un souci d’hygiène publique. Les organisateurs s’apprêtaient à aller vider ces chariots lorsqu’une dispute éclate entre plusieurs personnes.

L’intervention des CRS est immédiate, sans aucunes sommations : ils sont environ une quinzaine à charger, portent des matraques, des boucliers et des casques. Ils poussent les derniers présents vers les petites rues qui vont vers St Jean. Quelques manifestants sont encore sur
la place : une deuxième charge est lancée à leurs trousses. Quelques cannettes sont jetées en direction des forces de l’ordre. C’est la cohue entre les manifestants, certains tentent de rappeler à la dispersion et au calme, d’autres sont effarés par les CRS et les jets de bouteilles. En
reculant devant une charge de CRS, sur la place, un des jeunes hommes poursuivis renverse une poubelle remplie de bouteilles vides. Des personnes qui se trouvaient là, qu’ils soient manifestants, habitants ou commerçants du quartier, sont frappés à coup de matraques. Sur la place St
Paul, une seule personne aurait été interpellée.

Ce n’est qu’un peu plus tard que les CRS ont quadrillé tout le quartier par petits groupes de trois/quatre et ont arrêté quatre autres personnes qui rentraient tranquillement. Un jeune homme habitant le quartier, qui venait de descendre de chez lui, s’est trouvé nez à nez avec une escouade de CRS et leur a demandé ce qui se passait : il s’est fait interpeller alors qu’il n’avait pas participé à la manifestation et fait aujourd’hui partie des inculpés.

Un groupe est allé au commissariat central Marius Berliet
prendre des nouvelles de la jeune fille et des autres personnes arrêtées et mises en garde à vue. Un autre groupe était resté sur place pour inciter les participant-e-s à la manifestive à partir, lorsque la fête était finie (d’ailleurs ça été suivi d’effet pour de nombreuses
personnes), et aussi pour nettoyer la place St Paul, vider les bouteilles dans des silos à verre et laisser place nette, mais ces personnes en ont été empêchées par les CRS qui bloquaient les accès à la place. En faisait partie une des personnes qui ont été arrêtées et inculpées.

On peut s’interroger à nouveau, face à une simple altercation interne, sur cette intervention policière inappropriée et de grande envergure, mettant en danger les passants, et empêchant les organisateurs de nettoyer la place.

Les six personnes qui ont été arrêtées lors de la manifestive du samedi 30 avril sont passées en comparution immédiate lundi 2 mai, en fin de journée, séparemment les unes après les autres. Il était près de 21h lors du délibéré. Tous ont demandé à ce que le procès soit repoussé afin de préparer leur défense. Pour certains ce sera le 25 mai, pour d’autres le 26 mai.

Ce qui est reproché à Virginie, qui ne devait pas comprendre ce qui lui arrivait si brutalement : elle est accusée de "rébellion", "appel à l’émeute" (elle a crié quand elle a reçu des coups de pieds dans la figure...), accusée "d’avoir tenté de dérober l’arme d’un policier" (peut-être qu’elle a touché la matraque qui la frappait...), "violences volontaires sur agent des forces de l’ordre". En ce qui concerne les autres inculpés, ils sont accusés notamment de "violences volontaires avec arme par destination (jet de cannette) sur personnes dépositaires de l’autorité publique".

Sur 6 personnes qui ont été arrêtées ce jour là, 4 ont été
emprisonnées. Deux autres sont relâchées et placées sous contrôle judiciaire astreignant sans pouvoir quitter leur quartier respectif.

On peut s’interroger pourquoi des personnes ont été mises en prison arbitrairement, alors qu’habituellement, en pareil cas, les personnes interpellées sont relâchées à la fin de la garde à vue. Si des abus graves ont été commis, des ordres ont été donnés. Ne laissons pas s’installer un état répressif. Des personnes se retrouvent injustement en prison. Soutenons-les.

Un collectif de soutien des inculpés du 30 avril a été mis en place. Merci d’indiquer si vous avez été témoins ce
jour-là, si vous avez des photos ou simplement pour soutenir :

collectifdesoutien30avril@no-log.org


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