Réforme des lycées : lettre des enseignants du Lycée de la Plaine de l’Ain

lundi 17 novembre 2008

Réforme des lycées : l’école publique en danger

REFORME 2009 DU LYCEE : LA PAGAILLE GENERALISEE

Madame, monsieur,

Nous sommes professeurs au lycée de la plaine de l’Ain à Ambérieu en Bugey et nous devons vous alerter sur
l’impréparation criante et sans précédent de la réforme des lycées applicable dès la rentrée 2009 pour les secondes, alors
même que cette réforme représente un vaste bouleversement de l’organisation des enseignements de la seconde à la
terminale et par voie de conséquence du baccalauréat.

Une réforme bâclée … mais applicable dès
la rentrée 2009 pour les secondes.

Alors que les précédentes réformes du lycée, en particulier celle de 2000, étaient finalisées dans leurs moindres détails un
an à l’avance pour respecter les contraintes techniques de préparation de la rentrée, la réforme 2009 de la classe de
seconde est encore aujourd’hui en chantier. Les informations sont distillées au compte goutte et suscitent plus
d’interrogations qu’elles ne donnent de réponses concrètes. Les chefs d’établissement et les inspecteurs pédagogiques
quelle que soit la discipline n’ont aucun renseignement supplémentaire à nous communiquer alors qu’ils sont
habituellement informés en priorité. Bien qu’il s’agisse d’une remise à plat totale du dispositif actuel, l’articulation avec
la classe de Première puis de Terminale est à peine ébauchée.

Des conséquences pratiques et
pédagogiques passées sous silence avec
une désinvolture totalement inédite

- Les programmes nationaux comme dernière roue du carrosse.
Toute réforme digne de ce nom s’accompagne toujours d’une parution complète et détaillée des nouveaux programmes
discipline par discipline en cohérence avec les nouveaux horaires. En temps normal les nouveaux programmes sont
élaborés par des groupes d’experts et de didacticiens unanimement reconnus et travaillant sous la direction de grands
noms de la recherche française. Ces programmes s’appliquent partout à l’identique, ils sont accompagnés de référentiels à
destination des enseignants, ils donnent lieu à des stages de formation… Rien de tout cela cette fois ci. Quelle égalité des
élèves devant les savoirs enseignés en l’absence de directives claires détaillées et réfléchies pour les professeurs ?

- Un travail exclusivement prévu en classe entière (36 élèves par classe en lycée).
Le ministre a-t-il déjà prévu de lâcher quelques dédoublements au gré des réactions des uns et des autres ? Laissera-t-on
aux proviseurs la responsabilité de saupoudrer des dédoublements avec les moyens du bord ?

- Un horaire global d’enseignement général sans détail matière par matière.
Qui décidera de cette répartition horaire : le ministre dans une prochaine intervention ? le conseil d’administration du
lycée ? Cette répartition peut-elle changer d’une année sur l’autre ? Si oui selon quels critères ? Tous les lycées du
territoire auront-ils droit à la même répartition ?

- L’apparition d’un « accompagnement obligatoire » de 3 heures par élève supprimant
autant d’heures de cours.
Qui assurera les séances ? Quelle articulation avec les cours s’il y en a une ? Quelle motivation et quels objectifs pour
ceux des élèves qui ne ressentent pas le besoin d’être « accompagnés » ? Combien d’élèves seront présents par séance ?

- La fusion de la langue vivante 1 et de la langue vivante 2 en une nouvelle matière
appelée « langues vivantes 1 et 2 ».
Y-aura-t-il des horaires séparés pour les LV 1 et pour les LV 2 ? Les élèves étudiant une même langue seront-ils réunis
par groupes de compétences indépendamment de la LV 1 et de la LV 2 ? Avec quelle fréquence annuelle ces groupes
seraient-ils remaniés ? …/…

- Une matière inconnue des professeurs nommée « sciences expérimentales ».
Que fait-on en « sciences expérimentales » : de la Physique-Chimie et de la SVT à parts égales ? un peu de l’une
beaucoup de l’autre ? l’inverse ? Va-t-on imposer à un seul professeur qualifié uniquement dans une discipline de faire les
deux ?

- La disparition de toute référence aux séances de travaux pratiques.
Pourquoi faudrait-il supprimer cette spécificité française et donc aligner en l’espèce notre système éducatif par le bas ?
Que fait-on du matériel acquis en nombre au fil des années et qui était utilisé en séances de travaux pratiques ?

Des modules ou Cours à Durée Déterminée
à la place des options actuelles

- Un système semestriel nécessitant de refaire tous les emplois du temps en une
semaine entre les deux semestres !
Malgré la meilleure volonté et toute la compétence du personnel de direction des lycées, les perturbations de cours sont
garanties pendant plusieurs semaines quand on connaît la complexité de cette tâche.

- Un groupe classe qui éclate au beau milieu de l’année scolaire.
Du fait des changements de modules pour chaque élève, ce sont de nouvelles relations à établir avec de nouveaux
camarades et avec de nouveaux professeurs.

- Un goulot d’étranglement pour les options technologiques actuelles.
Les options actuelles « Initiation aux sciences de l’Ingénieur » et « Informatique et Systèmes de Production » ne font plus
qu’une et deviennent « Initiation aux sciences de l’ingénieur et de la production ».
Nous sommes sans nouvelle des options « Biologie de Laboratoire et Paramédical », « Physique-Chimie de Laboratoire »,
« Mesures Physiques et Informatique » sans doute regroupées dans le module « Technique d’atelier et de laboratoire »
bien qu’elles n’aient rien à voir entre elles sauf à se passer dans un laboratoire ou un atelier.

- Un horaire global sans détail module par module.
6 h pour deux modules signifie-t-il nécessairement 3 h par module ? peut-il y avoir des modules à x heures et d’autres à y
heures de telle sorte que la somme x+y fasse 6 h ? Qui en décidera ?

- Les matières appartenant aux modules mises en concurrence entre elles.
L’existence des modules est remise en cause d’un semestre à l’autre en fonction du nombre d’élèves les demandant.

Tandis que les élèves s’exerceront au zapping pédagogique, les professeurs pour conserver leurs heures de cours et donc
leur travail, s’efforceront d’attirer le chaland : sensationnalisme, exigences au rabais, bonnes notes… Que devient la
qualité actuelle d’enseignement selon cette logique ?

Vers un « machin » en guise de
baccalauréat en 2011

La réforme du cycle terminal est un chambardement total des logiques actuelles : éclatement des filières en une myriade
de parcours, chaque parcours étant constitué par la juxtaposition de modules laissés au choix de l’élève. Comment
organiser dans ces conditions, les épreuves ponctuelles nationales et anonymes du baccalauréat actuel, seul système
garantissant l’égalité de traitement des élèves ? On ne pourra plus dire : « j’ai un bac STG ou ES … » mais plutôt : « j’ai
un bac de coloration (c’est le terme officiel !) scientifique obtenu avec tels modules validés dans tel lycée. Libre ensuite
aux universités de poser leur critères de sélection : modules considérés comme nécessaires, réputation du lycée
d’origine…


Documents joints

Lettre aux parents des enseignants d'Ambérieu

Agenda

<<

2017

>>

<<

Octobre

>>

Aujourd'hui

LuMaMeJeVeSaDi
2526272829301
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
303112345

Brèves

16 mai 2011 - AG contre la précarité — jeudi 19 mai à l’ENS

Pour information, une assemblée générale sur la précarité et les pressions au travail aura lieu à (...)

19 avril 2011 - Expulsion des grévistes de l’ENS d’Ulm ce matin

Les militant-e-s SUD Éducation de l’ENS de Lyon apportent tout leur
soutien aux précaires et aux (...)

24 mars 2009 - Mais que font les syndicats ???

Tu trouves que les centrales syndicales ne jouent pas le rôle qu’elles devraient avoir dans les (...)

5 janvier 2009 - Appel à la résistance dans le premier degré

Article sur le site de la fédération à consulter
clic

9 février 2008 - Commission pédagogie à Sud rhône

Lundi 12/02 à 18H30 au local de Sud Educ Rhône/Solidaires 10, rue du Gazomètre, 69003 Lyon Ordre (...)