Qui sème la misère récolte la colère...
Casse des services publics, et en particulier de l’école, chômage, précarité, baisse du pouvoir d’achat, crise du logement, radiations RMI, discrimination ethnique, discours ministériels insultants, provocations policières, chasse aux sans-papiers... La droite a tout fait pour faire basculer les victimes du système dans la violence aveugle.
On ne peut pas admirer les actes consistant à détruire les équipements sociaux ou les écoles de certaines "zones urbaines sensibles", à blesser des pompiers ou à incendier la voiture de son voisin... On peut regretter que cette violence chaotique ne construise rien, ne revendique rien. Mais on peut surtout comprendre et partager la colère des habitant-e-s des "zones urbaines sensibles", premières victimes de la politique du pire menée par la droite. Si les auteurs de ces violences ne semblent pas en capacité de politiser leur colère légitime, nous, professionnel-le-s de l’éducation, premiers témoins de la dégradation sociale, nous savons reconnaître le véritable coupable : la politique antisociale menée par le gouvernement depuis 2002 (et déjà bien amorcée auparavant par la "gauche plurielle").
Cette politique libérale, nous l’avons toujours dénoncée avec la plus grande fermeté, en particulier dans ses applications dramatiques au sein de l’institution scolaire. En effet, l’Education Nationale favorise de moins en moins l’égalité sociale, la mixité, la solidarité... Au contraire, elle renforce de plus en plus l’exclusion sociale qu’elle est censée combattre. Il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement, mais d’un calcul politique cynique.
Les chefs d’entreprise veulent de la main d’oeuvre peu qualifiée, flexible, prête à tout... Et La droite a besoin de "jeunes des banlieues" qui font bien peur aux téléspectatrices/eurs, pour être réélue. Donc le secteur social et le secteur éducatif sont volontairement abandonnés, afin de laisser la misère prospérer.
Cette politique fait honte à notre démocratie. C’est au contraire par la solidarité, le partage équitable du travail, des richesses et du pouvoir, le développement des services publics, que nous pouvons permettre de réelles avancées sociales dans notre pays.
Les victimes des erreurs et "bavures" policières sont des victimes de l’Etat. Nous qui travaillons également pour cet Etat assassin, nous refusons d’être assimilé-e-s aux responsables de ces morts. Notre Etat devient, de plus en plus, un agent de la répression. Nous voulons une société qui affiche clairement la priorité à l’éducation, dans les mots et dans les faits.
Dans l’éducation nationale, seule une réforme complète, assortie de moyens budgétaires démultipliés, permettrait d’inverser la vapeur. Nous réclamons cette réforme depuis des années. La loi Fillon en est un parfait contre-exemple. Tout comme le renforcement des mesures sécuritaires si chères à Sarkozy et à Le Pen, la politique actuelle renforce le mal qu’elle prétend combattre.
Villepin prétend vouloir dialoguer avec le personnel des écoles, collèges et lycées des "zones urbaines sensibles" : les militant-e-s de SUD, à Vénissieux, à Vaulx-en-Velin et ailleurs, l’attendent de pied ferme. Par exemple pour lui dire qu’il a eu raison de déclarer, le 7 novembre sur TF1, que "des réseaux criminels organisés appuient les désordres" dans les banlieues. En effet, les plus gros de ces réseaux s’appellent UMP, UDF, FN, MEDEF (...) ; et la police nationale n’est le plus souvent que le bras armé de ces réseaux-là.
Au-delà de cette parodie de dialogue social, et au-delà d’une hypothétique démission du ministre de l’intérieur, c’est tout notre système politique, économique et social qui doit être radicalement transformé.