Précarité dans l’éducation : élargissons le débat, développons la lutte !

dimanche 19 octobre 2003

Texte rédigé par les syndicats SUTE-CNT 69-01 et SUD éducation Ain-Rhône.

L’intersyndicale nationale (à laquelle la CNT et SUD ne sont jamais invités) organise le 5 novembre une journée de sensibilisation aux problèmes de l’éducation. L’intersyndicale départementale (dont nous faisons partie) a choisi de se focaliser sur la précarité, problème central dans notre secteur. Dans le Rhône, depuis un an (suite au suicide de George Mucha, enseignant précaire non-réembauché en raison de ses activités syndicales), CGT, PAS, CNT et SUD luttent ensemble contre ce fléau. A la rentrée 2003 apparaît le problème des « contrats 10 mois » : des enseignant-e-s contractuel-le-s engagé-e-s à l’année signaient, jusqu’à présent, des contrats de 12 mois. Ces contrats sont ramenés à 10 mois, de septembre à juin. Un avenant viendrait assurer la soudure pour l’été, mais ce système ne sera pas forcément pérennisé, il prive les collègues de deux mois de primes, et les pénalise dans le calcul de l’ancienneté. Cette journée du 5 novembre, sans grève ni perspective claire, ne constitue pas une réponse à la hauteur des attaques dont nous sommes victimes. Beaucoup de précaires n’ont pas été réembauché-e-s : le rectorat « n’a plus d’argent pour les payer ». Qui peut croire que nous allons faire disparaître la précarité avec une pétition et un rassemblement ? Il s’agit plutôt, une fois de plus, de nous endormir, et de nous faire croire que les grands syndicats sont à l’écoute de la « base ». En mai 2003 déjà, seuls la CNT et SUD appelaient à la grève générale interprofessionnelle, et les grands syndicats travaillaient à l’échec de la lutte. Ils n’ont pas tiré les leçons du printemps dernier, et pensent encore que la collaboration polie avec l’administration, assortie de quelques rassemblements le mercredi ou le dimanche, vont mettre fin à la casse des services publics, à la destruction des conquêtes sociales, à l’explosion de la précarité et de la misère... à la faillite d’un système. De notre côté, nous savons qu’il n’est pas possible de régler le problème de la précarité dans l’éducation nationale sans le relier à celui de la précarité en général dans notre pays (et ailleurs !).

CDD, vacataires, intérimaires, emplois-jeunes, CES, intermittent-e-s du spectacle...La précarité entre dans les mœurs, et tend à devenir la norme dans le public comme le privé. Les salarié-e-s précaires rejoignent la cohorte des chômeuses/eurs, étudiant-e-s, personnes handicapées ou malades, retraité-e-s, demandeuses/eurs d’asile (...) qui connaissent de plus en plus l’incertitude du lendemain. Les personnes précaires sont de plus en plus nombreuses, et de plus en plus précaires. Dans l’éducation nationale, de surveillant-e-s à « emploi-jeune », et d’emploi-jeune à « assistant-e d’éducation » (ou encore de maitre-auxiliaire à vacataire), les statuts sont de moins en moins protecteurs, et les conditions de travail se dégradent. Notre pays n’a jamais été aussi riche, mais les richesses, produites par les salariés, profitent de plus en plus aux actionnaires. Notre système génère une gigantesque insécurité sociale qui crée des problèmes partout (délinquance, maladies, problèmes familiaux...). La précarité et la misère coûtent très cher à la société, tout comme le contrôle social exercé sur des millions de personnes fragilisées par des problèmes économiques. La précarité, c’est aussi la peur, qui pousse la population à subir sans broncher. Les fonctionnaires titulaires s’estiment souvent protégé-e-s par leur statut, mais la présence de précaires tire les conditions de travail de tout le monde vers le bas. Les titulaires seraient des « privilégié-e-s », qui doivent s’estimer heureux de leur sort, et leurs revendications passent pour illégitimes. La précarité provoque aussi une baisse de la qualité du service. L’Etat est le premier employeur de précaires en France, et les services publics, facteur d’équilibre et d’égalité, répondent de moins en moins bien aux besoins essentiels de la population. La CNT et SUD revendiquent la titularisation immédiate (sans concours et sans condition de nationalité) de tou-te-s les précaires de la fonction publique (assortie d’un vrai droit à la formation).

Si l’administration emploie un agent, c’est qu’elle reconnaît de fait son aptitude professionnelle. La différence de statut est donc inacceptable, elle n’est que le cheval de Troie d’une gestion libérale du salariat, visant à briser les garanties collectives : à travail égal, statut et salaire égal ! Nous nous battons aussi contre toutes les formes de précarité : un emploi (utile socialement) c’est un droit ! Un revenu (garanti, avec ou sans emploi) c’est un dû ! Au lieu de faire disparaître le RMI ou le statut d’intermittent-e-s du spectacle, de raccourcir la durée des indemnités ASSEDIC et de repousser l’âge du départ en retraite, il faut garantir un emploi stable et socialement utile à tout le monde, en réduisant massivement le temps de travail partout, sans baisse de salaire, annualisation ni flexibilité, et en créant les emplois stables correspondants. La précarité est l’un des fils rouges de toutes les luttes récentes, et nous travaillons au rassemblement de toutes celles et tous ceux qui sont entré-e-s en lutte, et souhaitent se battre ensemble contre la régression sociale, sans rien attendre des bureaucraties syndicales ou politiques.


Contacter l’intersyndicale contre la précarité : lutteprecarite69@yahoo.fr


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