Lettre ouverte un mois après l’occupation du collège Truffaut

samedi 18 janvier 2014

à Monsieur J.F. Carenco, Préfet,
à Monsieur G. Collomb, Maire de Lyon et Président du Grand Lyon,
à Monsieur J.J. Queyranne, Président du Conseil régional,
à Madame D. Chuzeville, Présidente du Conseil général,
à Messieurs les responsables des cultes

Lettre ouverte un mois après l’occupation du collège Truffaut
à Monsieur J.F. Carenco, Préfet,
à Monsieur G. Collomb, Maire de Lyon et Président du Grand Lyon,
à Monsieur J.J. Queyranne, Président du Conseil régional,
à Madame D. Chuzeville, Présidente du Conseil général,
à Messieurs les responsables des cultes

Lyon, le 17 janvier 2014

Nous vivons, travaillons ou militons dans le 1er arrondissement ; rejoints par
toutes celles et ceux qui ne voulaient rester ni inactifs ni indifférents face à la
situation des personnes actuellement privées d’hébergement dans notre quartier
comme dans l’ensemble du Grand Lyon, nous avons le 17 décembre dernier, occupé
le site de l’ancien collège Truffaut, à l’occasion d’un large rassemblement.
Devant l’évidence criante que les pouvoirs publics n’ont su ou voulu traiter
avec la solidarité et le respect nécessaires la question de personnes contraintes de
vivre dans la rue, nous avons donc choisi de tenter une action de réquisition et
d’alerter l’opinion publique.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Parce que des personnes isolées, des couples, des familles dont les enfants
sont scolarisés avec les nôtres se retrouvent aujourd’hui à la rue, sans abri, sans
possibilité d’accéder à un hébergement pour l’hiver ;
parce que les pouvoirs publics ne se donnent pas les moyens de respecter les
textes législatifs et refusent d’appliquer le droit au logement ;
parce que les associations compétentes, subventionnées par l’état, ne sont
pas en mesure de contrecarrer ses décisions ;
parce que le Maire de Lyon estime sa politique du logement suffisante et
préfère voir sans-papiers et Roms hébergés dans les communes voisines ;
parce qu’ils existent ici de nombreux bâtiments publics vides, pour certains,
chauffés, gardés et disposant parfois d’équipements sanitaires permettant l’accueil
d’urgence, comme le collège François Truffaut (Lyon 1er), le collège Maurice Scève
(Lyon 4ème), l’ancien Musée des Télécom (1er), une partie de l’ancien bâtiment des
Beaux-Arts (1er), les églises désaffectées du 1er arrondissement (Bon Pasteur,
Saint-Bernard)... voire, au delà, l’ancien bâtiment du Conseil régional
(Charbonnières-les-Bains) ou de l’ARS (rue Servient) - pour ne citer que des
exemples qui nous viennent immédiatement à l’esprit ;
parce que certaines associations seraient prêtes à accueillir ces familles sans
logement dès lors qu’elles peuvent bénéficier d’un lieu pour exercer leur mission.
Nous avons donc décidé d’agir dans le strict respect des lois portant sur cette
question et du devoir de solidarité de chacun. Pour cela, nous avons investi le
bâtiment du collège François Truffaut (inoccupé depuis juin 2013 et sans affectation
pour les prochaines années) de manière pacifique ; en toquant à la porte puis,
ayant pénétré calmement dans les lieux, en informant la personne en charge de sa
sécurité et en lui laissant le temps de prévenir sa direction. Cette action non
violente et respectueuse de l’intégrité des personnes et du bâtiment n’a eu lieu que
pour dénoncer le manque de responsabilité de nos élus sur ces questions, montrer
que nous nous sentions concrètement solidaires des personnes sans abri et
souhaitions que des solutions, a priori simples, puissent être immédiatement mises
en oeuvre pour faire cesser leur situation inacceptable.
Nous ne pouvons en effet concevoir que l’argent public serve à financer le
chauffage, l’électricité, la sécurité et l’entretien de bâtiments vides alors que, dans
le même temps, il est affirmé haut et fort que les pouvoirs publics ont déjà tout fait
pour héberger ces personnes et qu’on ne saurait aller plus loin sur ce plan ; ceci
alors que des millions sont proprement engloutis dans la « vitrine » lyonnaise (Fête
des lumières, Confluence, OL land, place des Jacobins, etc.). Ce paradoxe
inacceptable nous choque.

Si nous avons entrepris cette action visant à la réquisition, c’est aussi parce
que ni le Préfet, représentant de l’état, ni le Maire de Lyon n’avaient jugé utile de
répondre à nos nombreux appels. Nos alertes ne servant à rien, démunis face à ces
situations d’urgence, et ne pouvant, malgré la solidarité qui a été mis en oeuvre par
les habitants, accueillir pendant tout l’hiver ces personnes chez nous, cette solution
nous est apparue comme la plus évidente, la plus logique et la plus juste possible.
La réaction des autorités a été sans commune mesure avec le sens de notre
action. En guise de réponses à notre demande de dialogue, nous n’avons reçu que
des gaz lacrymogènes et l’injonction de quitter les lieux immédiatement. De plus,
une des rares personnes élues qui participaient solidairement au rassemblement
Place Morel a été mise en garde à vue pour s’être jointe aux manifestants restés
devant le collège. Nous avons été traités en délinquants, alors que le fondement de
notre action était a priori on ne peut plus respectueux des lois de ce pays.
Nous posons donc ces questions : que faut-il faire quand l’état ne respecte
pas la loi ? Quand les services de la préfecture détruisent des bidonvilles et
expulsent des squats en plein coeur de l’hiver sans reloger leurs habitants ? Quand
les édiles de Lyon refusent d’accueillir des personnes sans-abri ? Devrions-nous
nous voiler la face et oublier que ces personnes sont sans logement et dans la plus
grande détresse matérielle et psychique ? Devrions-nous, nous aussi, les traiter
avec mépris et indifférence ?

Cette situation est en outre récurrente, les personnes sans logement sont
connues, elles fréquentent le quartier, ses écoles, ses services sociaux, pour
certaines depuis des années. Lors des beaux jours, la question de leur hébergement
paraîtrait se poser avec moins d’acuité, mais elle reste permanente. Alors que
l’hiver arrive, une solidarité plus active se fait heureusement jour. Nous n’oublions
pas qu’une grande partie de ces personnes n’est pas ici par choix, mais d’abord et
avant tout parce leurs pays d’origine pratiquent ségrégation ou persécution à leur
égard.

Vous avez refusé de traiter la question quand nous l’avons posée ; vous avez
préféré vous en prendre aux habitants, militants, enseignants, commerçants,
artisans des Pentes de la Croix-Rousse que nous sommes, en envoyant les forces de
police quand nous proposions concrètement une solution d’hébergement plausible...
Ceci montre le mépris avec lequel vous nous considérez, la volonté de nous faire
taire et d’enterrer cette question des personnes à la rue pourtant portée sur
l’espace public.

Aujourd’hui, un mois après les faits, quelle est votre position ?
Est-ce que l’état a trouvé les moyens d’appliquer la loi, de prononcer les
réquisitions promises par le gouvernement ?
Est-ce que le Maire de Lyon, à l’approche des élections, va se tourner vers
ses concitoyens et être force de proposition ?
Est-ce que les différentes congrégations religieuses vont proposer de
participer plus activement à la prise en charge de ces familles au nom de la sacrosainte
fraternité humaine ?
Est-ce que le Grand Lyon, le Conseil général ou le Conseil régional vont se
souvenir des nombreux bâtiments vides qu’ils détiennent ?

Signataire : Tout le monde dedans !!!


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