Et un rapport de plus, en attendant celui de l’Inspection générale qui devrait sortir bientôt. Cet intérêt marqué pour l’orientation et ses acteurs ne nous rassure pas du tout car ce qui se profile c’est la remise en cause de notre travail et de notre statut. Le rapport de Mme Tharin, ci-devant députée du Doubs, baptisé " Orientation, réussite scolaire, relevons le défi " n’échappe pas à ce constat.
Dès le début du rapport le ton est donné " .. Un constat globalement inquiétant.. " . Une liste de dysfonctionnements est dressée, sévère et sans appel.
Mais l’analyse des causes de ces dysfonctionnement n’est guère abordée. Le rapport passe tout de suite aux remèdes qui vont tous dans le même sens : il faut ouvrir l’école à l’entreprise et ce dès le collège. Au lycée il faut "...introduire l’esprit d’entreprise dans les classes conduisant au bac ..". L’apprentissage a une place de choix dans ce catalogue de mesures d’inspiration très libérale avec le partenariat école-entreprise jugé nettement insuffisant actuellement. Au passage le rapport encourage l’immersion des profs d’économie en entreprise afin "... de contrebalancer l’enseignement reçu de théories économiques idéologiques.." Les théories libérales qui sous-tendent ce rapport ne sont pas idéologiques, elles ? *
En clair l’orientation scolaire ne fait pas assez de place aux réalités économiques. "..Il va de soi qu’il est indispensable qu’un C.O.P. connaisse le marché du travail, l’entreprise et la réalité économique..". Rappelons à Mme la députée que l’économie n’est pas oubliée dans la formation des Cop et ce dès le concours d’entrée où il existe une épreuve appelée " économie, travail, emploi". Sa méconnaissance de notre formation et au-delà de notre métier peut s’expliquer par le très faible nombre de collègues qu’elle a rencontré, une Dcio et un Cop en tout et pour tout, c’est un peu maigre pour se faire une idée, non ?
En résumé on a l’impression que les Cop doivent devenir les sergents recruteurs des entreprises. Pour quels emplois ? Mystère, car les branches professionnelles elles-même s’avouent bien incapables de déterminer leurs besoins à court terme, ni en quantité, ni en qualification. La vieille rengaine du manque d’information sur les métiers est ressortie alors qu’elle n’ a aucune validité. Le métier de Cop ne consiste pas simplement à informer les jeunes mais surtout à les aider à élaborer un projet scolaire et professionnel qui tienne compte de leur personnalité. L’aide à la réussite et à l’adaptation scolaire font aussi partie de notre métier.
Le rapport s’en prend vertement au statut des Cop, horaires en particulier " on peut légitimement s’interroger quant à l’efficacité d’un horaire hebdomadaire de 27heures 30 sur 39 semaines par an. Il conviendrait à tout le moins de mettre en face d’un horaire des obligations de service en contrepartie ". et à leur recrutement jugé trop lié à la psychologie et pas assez diversifié. (l’amendement du sénateur Carle au printemps dernier allait dans le même sens)..

La mobilisation massive au printemps 2003 de l’ensemble des 5 000 Cop et Directeurs de Cio a permis d’éviter la décentralisation calamiteuse voulue par Raffarin-Ferry. Du coup la majorité UMP se venge 2 ans plus tard en asphyxiant la profession, baisse de moitié du nombre de postes au concours de Cop, et en tentant de dénaturer ses missions et son recrutement.
C’est vraiment une offensive d’envergure qui est en marche contre notre profession.
Le chômage n’est pas dû à un manque d’information sur les métiers, mais à une gestion capitaliste de notre société qui maximalise les profits pour les actionnaires, au détriment de l’investissement ,de l’emploi et de la croissance.

* pour contrebalancer cette approche qui considère le capitalisme comme "naturel", lisez le bouquin de B Marris "antimanuel d’économie" très éclairant et très pédagogique.