Appel de la Tendance gréviste ni CPE ni CDI de Rennes II

appel du 22 février
jeudi 2 mars 2006

Les grévistes de Rennes II sont unis en tant qu’ils considèrent
que la grève avec blocage de l’université est pour ceux qui y
étudient la condition sine qua non d’une lutte contre le CPE ; non
que cela suffise, mais cela libère le temps et l’énergie sans
lesquels il n’y aurait pas de lutte, mais une simple divergence
d’opinions.

Ils sont également unis en tant que pour eux la grève avec blocage
est le seul moyen de provoquer le débat politique sur le CPE en
dehors des joutes oratoires feutrées des parlements.

Ce débat politique sur le CPE a permis de constater au sein du
mouvement une forte tendance à ne pas se satisfaire de slogans
tels que “ non au CPE, pour plus de CDI ”, qui suggèrent que le
CDI serait en soi un contrat équilibré, favorable aux salariés,
qu’il s’agirait de défendre comme un acquis, une position de force
conquise par les luttes passées. Il apparaît pourtant que tout
contrat de travail garantit seulement les modalités d’une
exploitation. Nous considérons que rejeter une réforme qui aggrave
nos conditions de vie ne doit pas signifier la valorisation
unilatérale de l’état de chose préexistant.

On nous parle de prudence, nous disant qu’il ne faut pas effrayer
“ la grande masse des gens ”. Pourtant, la grande masse vit
quotidiennement la réalité du CDI. Lui faudrait-il cesser de
lutter, de faire grève, sous prétexte qu’elle jouirait de
privilèges auxquels tous les précaires rêveraient d’accéder ? On
connaît ce raisonnement, c’est celui par lequel on combat la
révolte en prétendant que seul le pire la justifie, et que le pire
est toujours ailleurs. Nous prétendons que revendiquer plus de CDI
contribue à la fabrique du consentement à l’égard de ce qui est.

Curieusement, c’est ceux qui veulent que l’horizon du mouvement ne
se limite pas au retrait du CPE qui prennent le plus ce mouvement
au sérieux, qui sont les plus déterminés à lutter jusqu’au bout, à
lutter, quoi qu’il en coûte, jusqu’à son retrait.

Ne nous leurrons pas : le CPE ne sera pas retiré si nous commençons
à nous dire qu’il faudra peut-être reprendre les cours si le
gouvernement ne cède pas très vite. Il ne sera retiré que si,
partout, est reprise l’idée qu’il faudra la police pour nous faire
plier, que nous n’accepterons pas que l’immobilisme et la
lassitude de ceux qui restent spectateurs du mouvement décident
pour nous.

L’épuisement, nous ne le connaissons pas. La liberté n’est pas
épuisante, mais exigeante. Nous sommes contre le CPE parce qu’une
certaine idée de la précarité nous est chère ; pas celle des
tracasseries quotidiennes pour trouver et conserver un emploi plus
ou moins désagréable mais toujours subordonné à la nécessité de se
vendre comme force de travail pour survivre ; mais la précarité de
l’existence et de la pensée que ne vient garantir nulle autorité à
laquelle se soumettre, nulle communauté à laquelle appartenir,
famille, entreprise ou état. Qu’on ne voie là nulle célébration
libérale de la “ mobilité ”, cette liberté d’aller d’expérience en
expérience ; au contraire, puissants sont nos attachements, et
c’est parce que nous ne voulons pas y renoncer que nous pouvons
prendre le risque de tout perdre. C’est parce que nous ne voulons
pas d’une joie garantie durable qui se marchande à coups de
renoncements quotidiens et que nous savons que cette joie de
lutter ensemble a pour fond la politique, la discorde, la
fragilité des règnes, que nous assumons la précarité comme la
vérité de notre condition. D’autres parlent de l’épanouissement
par le travail et de la reconnaissance qui lui est liée. Mais
comment ne pas voir qu’il s’agit toujours à un moment donné de
renoncer à être pleinement fidèle à ce qui nous anime quand par
exemple nous enseignons, soignons, créons, et d’accepter de faire
avec l’ordre des choses, de nous y adapter, jusqu’au point où
suivre nos désirs signifie concourir au maintien de cet ordre ?

Derrière le refus du CPE, on entend d’abord la peur, la peur de
ceux qui se savent isolés, d’être encore plus dépourvus face aux
pouvoirs, face à la suprématie de l’économie ; et cette peur ne
trouve d’autre voie que de se traduire en demande de sécurité.

C’est la même logique qui demande à l’état plus de flics contre
l’insécurité et plus d’emplois contre “ l’insécurité sociale ”.
Encore et toujours nous supplions l’état de bien vouloir nous
protéger. Car nous sommes maintenus, de par l’effet d’une
politique qui n’a rien d’hasardeux, dans une situation où il nous
faut choisir entre la grande pauvreté des allocations et l’emploi
de toute notre vie au service de projets entrepreneuriaux.

À cette demande de sécurité, nous opposons la confiance dans la
communauté de ceux qui refusent la politique libérale. Et qui
pensent que refuser avec conséquence implique d’en finir avec
l’isolement de chacun, de mettre en partage moyens matériels,
expériences et affects pour rompre avec la logique libérale dont le
CPE n’est qu’un symptôme. La question de subvenir à nos besoins
devient alors une question collective : celle de constituer entre
nous des rapports qui ne soient pas des rapports d’exploitation
contractuelle. Et de faire que ce nous ne soit pas celui d’un
groupe restreint, mais le nous de l’affirmation révolutionnaire.


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